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Activistes depuis plus de 10 ans, Live in Marseille, ouvert et indépendant, est l'agenda concert - mais pas que - incontournable de la région. Rencontre avec Stefan, Pirlouiiiit et Philippe.

 

 

Commençons par le commencement. Live in Marseille, c’est quoi ?

Stefan (aka le Pinguin) : Y a deux trucs distincts mais qui se rejoignent. Liveinmarseille.com c’est un agenda exhaustif des concerts en Paca via le site et une newsletter hebdomadaire. C’est l’activité pour laquelle je suis salarié depuis deux ans et demi. Et il y a l’activité de chroniques de concerts à laquelle tout un collectif de bénévoles contribue (Pour infos, y a plus de 3200 chroniques de concerts à Marseille depuis 1998…).

Pirlouiiiit (ex Hum !) : Ca a commencé par être une adresse mail, puis une liste de diffusion, puis une asso avant de devenir un site plus une newsletter sur lesquelles on trouve le maximum d’information sur les concerts à venir en PACA et sur une bonne partie de ceux qui ont eu lieu… le tout sans aucune pression éditorialiste qui serait tributaire de la pub acheté ; bref c’est un lieu où les fans de musiques ou concertistes occasionnels peuvent laisser leurs impressions de concerts et voir ce que les autres ont pensé des prestations scéniques des groupes qui arrivent à Marseille…


Comment ça c’est crée ?

Pirlouiiiit : En 1997 je m’apprête à revenir à Marseille après 3 ans passés du côté de Paris… et j’ai peur à l’idée de replongé dans ce que je pense être un désert culturel (en tout cas musical). Et en arrivant je me rends compte que j’habitais sans le savoir depuis mon enfance à côté du Poste à Galène… J’en déduis que l’information ne passe pas forcement bien en ce qui concerne les concerts et décide de prévenir dans un premier les gens que je connais du passages des groupes qui me tiennent à cœur … Au fil des semaines et des groupes (locaux surtout) que je découvre j’ai de plus en plus de concerts à conseiller et de plus en plus de gens à qui envoyer ces mails… L’adresse liveinmarseille@yahoo.com n’accepte plus que j’envoie autant de mails d’un coup je suis obligé de passer par un robot que me conseille Gwendal Tanguy (auteur du site sur Sloy et de la première mouture du site de Lenoir).

Parallèlement je tombe sur un petit site rudement bien fait rockinfo.fr que je me mets à compléter (en recopiant tout ce que je lis sur les affiches dans la rue dans un premier temps). Je reçois un jour un coup de fil de leur part me demandant si je ne veux pas « bosser » avec eux. Je leur explique que je commence à peine ma thèse, que je ne fais pas ça pour l’argent… Ca tombe bien eux aussi. Et c’est partie pour une collaboration sans rien d’écrit, basée sur la confiance et le bénévolat … En fin de thèse je n’arrive plus à tout (je suis aussi rentré chez Taktik trouvant qu’ils ne parlaient pas assez des groupes locaux) mener de front (notamment la rédaction de la newsletter qui me prend tous mes nuits de dimanche à lundi) et quand j’annonce que c’est le dernier envoi Stefan arrive à la rescousse !

Stefan : Je laisse François parler de la genèse. Je l’ai rejoint un peu après 98 (putain 10 ans !). Je lisais Rockinfo.fr (l’ancêtre de Concertandco.com) mais surtout on se croisait à pas mal de concerts, et on était pas nombreux à faire autant de styles différents de la chanson au punk en passant par le hip-hop, la chanson réaliste et la scène occitane. J’ai engagé la conversation alors qu’il tractait pour le site et il m’a proposé d’y participer. A l’époque on faisait plutôt un fanzine, annonçant surtout nos coups de cœur à Marseille et dans le 13.
En 2003, François veut prendre un peu de recul (faut dire que c’est un stakhanoviste) et moi je fais partie des emploi-jeune de l’Education nationale virés comme des merde (après une grève dure). On fait alors le pari de créer un emploi, et je mets à profit mes deux années de chômage pour développer le contenu du site (en bref être quasi-exhaustif dans l’agenda des concerts en Paca, c'est-à-dire passer d’une démarche fanzine à un aspect pro).
En Septembre 2005, l’asso AGESCA (qui gère entre autre le Pôle Info Musique) fait le pari de Live In Marseille et m’embauche. Comme la démarche de l’AGESCA me branche, je dis banco et pour l’instant l’aventure continue ! Au fil et à mesure des années, pas mal de chroniqueurs et photographes bénévoles rejoignent le collectif LiM.

Philippe : Ppour ma part j'ai intégré le truc à partir d'une chronique de film (Bloody Sunday), puis de concert (Gasolheads / Guitar Wolf) – ma copine avait repéré la lettre Liveinmarseille et correspondu avec le MPP (...dans mon dos...). Je me souviens aussi d'une longue conversation un peu éthylique avec lui sur le Cours Ju où on a sympathisé et où il m'a proposé d'écrire régulièrement – ce jour-là je suis tombé accro au truc et suis objectivement devenu son esclave (des mails de menace pour tout retard de chronique...).


Quelle est votre démarche ?

Stefan : Y a quand même un constante chez les gens qui rejoignent LiM (François et moi compris) c’est qu’aucun(e) d’entre nous n’est issu du milieu culturel. Je trouve que c’est ce qui fait notre identité. On est des gros bouffeurs de concerts ; côté public.
Depuis la professionnalisation de l’aspect agenda, on s’est fixé quelques règles : un agenda exhaustif (on annonce tous les concerts quelque soit nos goûts perso), imperméabilité entre la vente de pub et la ligne éditoriale (une pub acheté chez nous ne donne droit qu’à ça), un soutien à la scène locale et en règle générale à tous les groupes dits « petits » (c'est-à-dire qui n’ont pas de budget com’), ne pas dire du mal de ce types de groupes, même quand on aime pas (on préfère passer du temps à défendre des projets sur lesquels on accroche que de passer du temps dans l’exercice, facile, du cassage en règle).

Pirlouiiiit : On assiste à des concerts, à beaucoup de concerts (à beaucoup plus de concerts que la majorité des journalistes professionnels d’ailleurs) et on laisse nos avis. On essaie vraiment de voir un maximum de groupes locaux (nous sommes d’ailleurs souvent les premiers à écrire sur bon nombre d’entre eux). Si on aime on le dit et on le fait savoir. Quand je n’aime pas (je passe du « on » au « je » car là on est pas forcement d’accord) je m’efforce quand même de faire une chronique pour le dire. Elle est souvent beaucoup plus longue / dure à écrire mais elle est tout aussi importante… Pour le groupe éventuellement (parfois quelques mails d’insultes, mais aussi de temps en temps un « merci ça m’a aidé à prendre conscience de certaines choses » souvent quelques années après) mais surtout pour le public, qui fait ensuite la part des choses en finissant par cerner les gouts de tel ou tel rédacteur (pour la petite histoire une personne avait repéré mon changement de pseudo juste par rapport à ce que j’aimais).
De plus n’étant pas limité par la place on peut faire des retours sur tout ce qui nous chante ce qui permet au gens qui nous lisent d’avoir un « vrai avis » sur un groupe lorsqu’il repasse plutôt que la resucée d’un book forcement élogieux.



Vous pouvez nous faire une présentation des intervenants ?

Stefan : Tu bosses sur Live In Marseille ? C’est toi Pirlouiiiit ? Non, ha… (regard déçu de l’interlocuteur)….. Nan, moi, c’est Stefan, aka Mystic Punk Pinguin, vieux syndicalo-punk de 35 ans.
En plus de François et Philippe, il y a un bon paquet de chroniqueurs plus ou moins réguliers : Céline, Gandalf, Sami, Le Teckel, Emmy Etié, Yoan, Chloro Phil, Douarte, Eric B., Naïs, Pierre Andrieu (Concertandco Clermond-Ferrand), Kouros, July, Dazuntski, Andy Trax, Stephane S., Odelizz, Fred, Miss Zou, Mister B.C., Simon P., Betrand de 13e Rugissant, et bien sûr la Massilia dream team avec Zhou et Vand. Et bien d’autres, dont pas mal de nouvelles et nouveaux séduits par la démarche ces derniers temps.


Globalement qui fait quoi, comment fonctionne Live in Marseille ?

Stefan : En général, c’est rigolo, les gens me disent, « t’as un job sympa, t’es payé pour aller voir des concerts ». Bon soyons clair, c’est pas le cas ! Je suis payé pour alimenter les pages PACA de concertandco.com et rédiger la newsletter. Bref à passer 35 heures (voire beaucoup plus) derrière un ordi ! Tout ce qui est concerts, écritures de chroniques, etc, c’est sur mon temps libre. Quand on a crée mon poste, le but c’était que je sois payé pour faire le boulot chiant pour continuer notre rôle d’information et de soutien à la scène locale. Et qu’on puisse continuer à écrire des chroniques de concerts et de disques grâce à la légitimité obtenu par le boulot.
Au sein de l’AGESCA, Isabelle s’occupe des partenariats (vente de bandeaux publicitaires), seule source de revenus avec un fixe que nous verse Concertandco.com pour le rédactionnel. En effet, mon poste n’est absolument pas subventionné, les pouvoirs publics considérant que c’est une activité relevant du secteur marchand…

Philippe : J'écris régulièrement des chroniques de concerts et de disques sur Concertandco, sinon je suis le chroniqueur cinéma de la newsletter LiM dans 95 % des cas, et j'ai 17 lecteurs revendiqués sur cette branche de nos activités (suite à un récent sondage mail).

Pirlouiiiit : Plus ça va plus je préfère me concentrer sur les photos car j’écris beaucoup moins bien que plein d’autres et car ça m’amuse finalement plus. J’adore quand mes photos viennent illustrer des belles phrases (secrètement je rêve de former un tandem avec Philippe à la manière de Franpou et Maxwell il y a quelques années) mais ça ne m’empêche pas d’écrire des chroniques quand même quand je ne suis pas d’accord ou tout simplement quand personne n’était là au concert…
Sinon je laisse tout ce qui est films à Philippe and co (je n’ai jamais le temps d’aller au ciné de toute façon préférant aller voir des vrais gens qui bougent et chantent), de temps en temps des chroniques restau ou bouquins… Bref j’aime bien partager mes expériences avec ceux que ça peut intéresser.


Quels statuts ont ceux qui gèrent l’association et la newsletter ?

Stefan : Salarié donc comme expliqué ci-dessus. L’AGESCA gérant l’aspect administratif et comptable de mon poste.

Philippe : Adhérent en retard d'une cotisation et ce depuis la fondation de l'Asso – mais je ne me vois pas comme gérant de quoi que ce soit.

Pirlouiiiit : Mince moi non plus je ne suis pas sûr d’avoir pris ma carte… La honte ! Pourtant maintenant on peut la prendre en ligne sans avoir à sortir son chéquier et un timbre…



Vous avez une idée de la fréquentation du site, du nombre de lecteurs de la newsletter et d’adhérent à l’association ?

Stefan : Il y a un peu plus de 8 000 abonnéEs à la newsletter et entre 40 000 et 50 000 visites/mois sur les pages PACA (ce qui fait environ 10% des visites de toutes les régions sur www.concertandco.com). L’année dernière il y avait environ 200 adhérents à l’AGESCA dont à peu près la moitié via Live In Marseille.

Philippe : Je sais qu'il y a des chiffres de fréquentation globale du site... Mais pour ma part je rêve d'un outil qui me permettrait de savoir combien de personnes ont parcouru une chronique de concert ou de festival en particulier (il y a généralement peu de retours, à moins qu'on tienne des propos polémiques ou insultants, donc on ne sait jamais trop).
J'ai quand même comme indice le nombre de visualisation des vidéos postées derrière mes chroniques sur une page perso Dailymotion depuis 2006 – par exemple 14 visionnages de Rock'n'Roll Soldiers à la Machine ça signifie au moins 14 lecteurs je suppose ? C'est environ le tiers du nombre de spectateurs ce soir-là, pas si mal donc...

Pirlouiiiit : Non, mais ce que je sais c’est que je croise de plus en plus de gens qui connaissent ; que ce soit à la sortie des concerts quand je distribue des tracts ou quand je me mets à parler de musique chez des gens dont je fais la connaissance. Ce qui n’est pas surprenant car 8 000 abonnés volontaire ça veut dire potentiellement 8 000 foyers… Et contrairement aux magazines papiers dont il reste toujours des indécentes piles dans les lieux de distribution, nos mails ne polluent pas et ont été demandés par les abonnés !


L’adhérent / lecteur type de Live in Marseille, s’il existe, c’est qui ? Le punk de la Machine, la ménagère qui ne sort qu’une fois par an pour aller au Dôme, entre les deux ?

Stefan : On est catalogué média « indie » , ce qui est logique au vue de la ligne éditoriale défendue. Mais faut pas oublier notre démarche grand public vu qu’on annonce aussi bien les concerts des Hatepinks que ceux de Lorie.. Et donc logiquement les groupes les plus consultés sur le site sont Tokio Hotel, Christophe Maé, Aznavour, Johnny, BB Brunes, … On peut le déplorer mais bon heureusement que les 8 000 abonnéEs à la lettre ne débarquent pas à la Machine à Coudre !
Après, en dehors des messages styles « Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiill ich liebe dich !!!! », il faut bien avouer que les gens qui écrivent le plus de chroniques, qui réagissent le plus à la news, sont celles et ceux qui sont attachés à cette scène indé du rock au hip-hop. Malgré tout, le concert le plus commenté est Aznavour pour 2007 si je me souviens bien.
Concernant les adhérentEs, celles et ceux qui font la démarche habitent en général en dehors du centre-ville de Marseille, que ce soit dans les arrondissements périphériques ou bien dans les villes et villages du 13. Bref, les personnes qui n’ont un accès plus difficile à la presse culturelles gratuites, aux affiches, etc… On a aussi un bon vivier d’adhérents dans le 06.

Philippe : Actuellement si on en croit ce qui est posté sur le site il semble que ce soit aussi en partie une jeune fille de 14 ans amoureuse de Bill Kaulitz de Tokio Hotel (environ 10 messages par semaines du type « il é tro booooooooooo jle kiff à mort hi hi Bill je t'M fort !»).

Pirlouiiiit : C’est sur qu’on est sûrement plus indispensable au punk de la Machine qui aura du mal a trouver son info ailleurs qu’à celui qui ne sort qu’une fois pas an pour aller au Dôme car de toute façon ce dernier il aura vu mille pubs ailleurs (murs, télé, journaux, radio) qui lui feront prendre sa place un an à l’avance. Mais j’aime croire que l’on touche vraiment tout le monde en faisant passer l’info partout sans distinctions géographiques, sociales ou culturelles …


Le rapport du web avec les salles de concerts et les principaux acteurs de la scène musicale ? Pas trop dur de se tailler une place et de se faire respecter quand on est gratuit et sur internet ?

Stefan : On a acquis une respectabilité certaine au fil des années. Bon j’avoue être à ce niveau là d’une intégrité qui frise l’obsession mais on a toujours refusé de parler invitation. Je demande pour LiM une accréditation presse et un pass photo pour les concerts, c'est-à-dire qu’un boulot de chronique sera obligatoirement fait. Et j’ai toujours refusé le fameux « +1 » c'est-à-dire une invitation pour ta copine / ton mec.
Vu qu’on suit aussi bien les concerts punk à la Machine, les concerts d’Aznavour au Dôme, le festival Prog’Sud, les Class’Eurock, les 1ers concerts de pas mal de groupes, etc... On a acquit ce côté écumeurs et défricheurs dont je suis assez fier. Et que je retranscris dans la ligne éditoriale de la newsletter.
Concernant le côté commercial (vente de pub), le soucis ne provient pas de notre gratuité, c’est le cas de la majorité de média « culturels » papier et en ligne mais bel et bien de notre aspect internet. C’est assez incompréhensible pour moi mais ce milieu qui est connecté en permanence, préfère sur-investir dans le papier (journaux, magazine, flyers, affiches, …) et néglige totalement l’internet. Très peu de salles de concerts achètent de la pub sur le net. Ca change peu à peu mais c’est quand même étrange.

Philippe : Pour moi la gratuité du concert en échange d'une chronique avec photo est un principe qui me convient bien – ça marche à fond avec le Poste, le Moulin ou même l'Espace Julien sur certains concerts, ça pourrait évidemment aussi à la Machine mais on préfère payer pour la soutenir ! Moi de toutes façons quand j'ai pas payé j'ai tendance à laisser au moins l'équivalent du prix de l'entrée au bar...

Pirlouiiiit : Pour répondre à ta question je dirais que si… Si tu es gentil et gratuit tu n’es bien souvent ni respecté ni aidé… C’est vrai pour certaines salles mais aussi pour les groupes dont on est souvent les premiers à parler. Au départ leur raisonnement est logique et économique : pourquoi prendre de la pub chez Liveinmarseille alors que l’on sait de toute façon que si ils aiment ils le mettront en avant et que si il n’aiment pas il le diront… Alors ils vont plutôt prendre de la pub chez ceux qui ne parleront d’eux qu’à cette conditions (et du coup en général en bien).
Et, dans le cas de ceux qu’on aimais bien, quand ils deviennent gros (parfois même énormes) et bien ça ne leur vient même pas à l’idée de prendre un peu de pub chez nous trop occupés qu’ils sont à passer à la télé etc… Donc pour moi le seul soutien efficace pourrait venir des lecteurs... Si les 8 000 abonnés donnaient chacun 2 euros par an il y aurait de quoi embauché quelqu’un et on pourrait être encore plus complets sur les retours et bosser un peu sur la présentation de la lettre et plein d’autres choses plutôt que de perdre du temps et de l’énergie à courir après les annonceurs…
Mais très honnêtement si nous n’étions pas là je ne pense pas que le public s’en rendrait compte… Il ferait son choix sur les panneaux de la FNAC ou du Virgin ce qui lui suffirait largement étant donné qu’il n’y a que 7 soirs dans la semaine de toute façon.



De manière générale, ce n’est pas trop dur d’exister en tant que media indépendant ?

Stefan : Exister en tant que média indé n’est pas compliqué quand on est sur le net vu qu’on a peu de frais technique (pas de tirage papier). Il suffit d’une personne motivé. Et nous ça tombe bien, on est un collectif ! Ce qui est plus compliqué, c’est d’en vivre. C’est pas trop dur, c’est juste plus dur. C’est clair qu’on a perdu des marchés à refuser de faire une promo plus appuyée de certains organisateurs qui nous voulaient acheter un pack pub + éditorial.
Après le « marché » est tellement cynique que je ne crois pas que ce soit le fait d’être indépendant ou pas qui change fondamentalement le fait de vendre de la pub, c’est l’efficacité (supposé) du média. Je peux faire tous les éditos que je veux à la gloire de la scène alternative, ce que regardera une salle c’est combien de billet pour Tokio Hotel on a vendu via le site. Ca énerve Philippe mais je relativise toujours notre côté ligne éditoriale. Ce que veulent la majorité des abonnéEs à la news c’est un programme exhaustif des concerts, pas connaitre la petite perle indé qu’on a découvert la semaine passé. Une partie des abonnéEs lisent nos commentaires, font gaffe aux groupes qu’on met en avant, etc… mais je suis persuadé qu’il s’agit d’une minorité. Mais encore une fois, on a choisi, et je défendrais bec et ongles, notre aspect grand public.

Avant cela j’ai essayé de faire en sorte que Live In Marseille soit une sorte de coopérative où chaque salle participe selon ses moyens et dans l’intérêt de tous mais ça a pas fait long feu à cause des intérêts divergents. Dans un même élan naïf, je m’étais dit que si tou(te)s celles et ceux qui reçoivent la lettre souscrivent 4 euros à l’année (soit environ 10 centimes par newsletter reçu) en adhérant à l’asso, ben ça suffisait à sortir un salaire. N’est pas le Canard Enchaîné qui veut, y a pas eu d’élan (encore merci aux 100 personnes qui ont adhéré par contre !!!). La vente de pub est bel est bien le seul moyen de financer cet emploi nécessaire à la continuation de la lettre.

Philippe : Exister, être reconnu et apprécié, c'est venu « tout seul » suite à un long et patient travail de Stefan (et aussi modestement à nos nombreuses plumes), proposant une prestation d'agendas qui n'existe tout simplement pas ailleurs, surtout pour les gens habitant hors de Marseille centre. Idem pour les retours de concert – avant l'apparition des blogs il y a 2-3 ans il n'y avait pour ainsi dire aucune concurrence ! Je crois pouvoir dire que le site est unanimement reconnu pour sa qualité générale et sa constance dans la curiosité.
Gagner de l'argent par contre, alors que tout ça est disponible gratuitement, c'est difficile ! Mais certaines salles ont compris que nous pouvons les entrées en plus qui leur auraient manqué pour rentrer dans leur frais, et nous reconnaissent donc comme un partenaire « commercial » crédible !

Pirlouiiiit : Oui et non… Oui parce que cela prend du temps et coûte de l’argent et de l’énergie, et non parce qu’on fait cela par passion et que quand on aime on ne compte pas… Jusqu’au jour où on craque, où qu’on se lasse d’avoir si peu de retours…


Plus personnellement, qu’est ce qui vous a amener à la « critique rock » ? Des influences ?

Stefan : Ce qui me motive en général c’est faire découvrir des groupes. Mais j’ai toujours parlé de « chroniques » et pas de « critiques » car j’essaie de retranscrire des émotions. Je supporte pas les intellos de la musique, j’ai une approche absolument pas intellectuelle de ça (le terme « intéressant » décrivant un groupe m’insupporte), je suis dans l’émotion pure et ça se voit au travers des mots qui reviennent (trop) souvent dans mes chroniques « obsessionnels », « hypnotiques », « fascinant », etc… Je crois que la relation à la musique est essentiellement subjective. Pour preuve, Pierre Andrieu, un chroniqueur que j’apprécie énormément, ne supporte pas Nosfell qui est un mec qui me fascine littéralement.

Philippe : Comme influence je citerais Rock'n'Folk (et dans une moindre mesure les Inrocks) – je pense m'être construit par rapport à eux, soit en essayant de faire aussi bien (certains chroniqueurs de disque de R'n'F que j'adore, style Nicolas Ungemuth et son humour ravageur) soit en m'énervant de leur nullité et/ou de leurs parti-pris (chroniques de concerts du même journal qui m'ont toujours puissamment horripilé...) De même pour Christophe Lemaire le chroniqueur ciné de R'n'F qui a un vrai style d'écriture – et par ailleurs archi-cultivé, concis, donnant envie d'y aller et sans révéler l'essentiel : mon idole en la matière.
Plus généralement mon modèle est évidemment l'écriture gonzo-délirante de Lester Bangs, indépassable.

Pirlouiiiit : Pour moi ce n’est pas « quoi », mais « qui ». C’est SLOY, fantastique groupe de nosiy rock composé de Armand, Cyril et Virginie qui m’a ouvert des oreilles pourtant bien préparés par les vinyles de mes parents (Brel, Deep Purple, Ernesto Cavour, Cat Stevens, Beatles, Brassens, Bill Deraime, …). La claque que j’ai pris en les voyant à Paris, leur coup de fil pour me prévenir qu’ils n’avaient plus ma taille en t-shirt… Leur accessibilité, leur gentillesse, leur intégrité… Ca m’a révolté de voir qu’ils étaient si peu connus et de voir comment s’opéraient les choix éditoriaux et comment une fois de plus tout était contrôlé par l’argent. J’ai donc eu envie de donner mon avis, un avis certes subjectif mais affranchi au maximum de l’argent.
Pas d’influences je n’ai jamais vraiment lu la presse écrite (ni écouté la radio ou la télé)… Mon seul critère est géographique. En musique je m’intéresse d’abord aux groupes qui jouent dans ma ville : Marseille (il y a quelques années j’ai eu la chance de vivre dans le Bronx et donc c’était New York avec The National, les Teenage Prayers, Qatsi et bien d’autres). Donc d’abord les groupes locaux puis les groupes qui passent par Marseille.


Et à la scène rock marseillaise ? Comment l’avez-vous découverte (il y à fort longtemps) ?

Stefan : Un peu de respect pour les anciens, gamin ! Au lycée j’étais plus branché hip-hop (KRS One, Run DMC, Assassin, ...) que rock. Il faut dire que ma première approche de la musique était politique, via le mouvement redskins. Mais à ce même lycée (Lycée Nord de Marseille), il y avait toute la bande proto-Ratakans et un pote m’avait entrainé dans un concert métal & punk au Roy d’Espagne où ils jouaient. Ce soir là eut lieu le premier concert des mythiques Bleifrei. Et y a un morceau qui m’a emballé et quand j’ai demandé à mon pote ce que c’était, il s’est foutu de ma gueule vu que je connaissais pas « I wanna be your dog » des Stooges… D’ailleurs les Bleifrei le reprenaient en « I wanna eat your dog ». Après j’ai réellement re-fréquenté cette scène quand j’ai chopé mon appart’ à Noailles et que je squattais la Machine à Coudre.

Philippe : J'habite ici depuis 1995. A l'époque j'ai très vite trouvé le chemin des salles comme l'Espace Julien (premier concert à Marseille, Silmarils) ou le Dôme (qui figurez-vous programmait en ce temps-là des concerts : j'y ai vu Metallica et Sonic Youth la première année !) ou l'Inter, déjà très fréquenté par les étudiants. J'ai mis 2 ou 3 ans de plus à trouver la Machine ou le Moulin, situés plus loin et dans des quartiers qu'on m'avait présentés comme craignos...

Pirlouiiiit : Je l’ai découverte en 1997 en revenant de la région parisienne… Mon premier concert devant remonter à 10 ans avant (Joe Cocker au Palais des Sports à Marseille avec mes parents).



Vos groupes « coup de cœur » d’ici (ou d’ailleurs) ?

Stefan : Chaque jour de nouvelles découvertes j’espère !
Elektrolux, Aggravation, Nitwits, Hatepinks, Lo, N-Twin, Binaire, Ich Bin Dead et généralement la scène rock, garage, punk, la scène occitane aussi D’Aqui Dub, Lo Cor de la Plana, Karpienia, la chanson d’On Vend la Caravane, On s’fait une bouffe, le slam viscéral et hypnotique de Vibrion, …
Du reste du monde, de grosses claques avec The Ex, Nosfell, Ez3kiel, No means no, Cat Power, Gravenhurst (ces derniers hyper-décevant en live !)…
En « coup de cœur » récent sur disque : The Kills, International Noise Conspiracy, Archie Bronson Outfit, Art Brut, Dälek, ... Et Fancy sur scène !
Et mes groupes cultes comme on dit : Fugazi, Noir Désir, The Clash, Violent Femmes, Nine Inch Nails, ...
Cette semaine, grosse claque live avec Kunamaka, le croisement entre Fantomas (le groupe) et Phantom of the Paradise (le film). On était à peine 25 au Balthazar… Actuellement , gros, gros coup de cœur sur Karpienia, le nouveau groupe de Sam de Dupain. Rencontre improbable entre les troubadours occitan, l’intensité rock et une violence contenue à la Silver Mt Zion.

Philippe : D'ici, et sans réfléchir trop longtemps : Hatepinks, Nitwits, Lo, Neurotics, Electrolux, Cowboys, Oai Star, Original Occitana, d'Aqui Dub et de façon plus générale presque tout ce qui émane des galaxies punk, noisy, ... Et occitane de Marseille (en gros j'aime presque tout ce qui est fabriqué et/ou produit entre Relax & Co, In The Garage, ... et l'Oustau dau Pais Marselhes).
D'ailleurs, récemment : j'ai adoré sur disque comme sur scène The Bishops, du trio rock pur, énergique et classieux, comme on en avait pas entendu depuis les Kinks (et devant une salle à moitié vide, hélas). J'ai aussi été bluffé par les 4 petites Plastiscines que je pensais mauvaises et qui tiennent parfaitement leur scène.

Pirlouiiiit : Ouh là question piège qui va me faire me réveiller cette nuit en me disant chiotte j’ai oublié un tel… Bien envie de vous renvoyer sur mon Myspace là… Pas mal de mes coups de cœurs n’existent plus (comme Sloy, Na Zdorovie, Opossum, Qatsi) alors dans ceux qui existent encore je dirais en locaux : LO, Hip Hop Parallèle, Layne, On Vend la Caravane, Nitwits, Elektrolux, Melc, …
(Inter)Nationaux : Teenage Prayers, The National (même si moins qu’avant), Billl Deraime, Steve Shiffman, David Berkeley, Zone Libre, Louis Ville, Red Cardell, Woven Hand, Chinaski. J’arrête avec ce listing car des coup de cœur j’en ai très souvent… Ce qui explique que je continue… Parfois des groupes (locaux) que je n’aimais pas quelques années avant me plaisent tout d’un coup car ils ont muri ou alors c’est moi mais dans ces moments là quel plaisir / surprise ! Ce fut le cas avec Heidi récemment.


Votre meilleur concert à Marseille (et ailleurs) ? Le pire ?

Stefan : Le dernier concert des Gasolheads à la Machine à Coudre ! Bon, c’est surtout pour te faire marronner, mes souvenirs sont assez embrumés… Sinon The Ex au Poste, Ez3kiel au Cabaret Aléatoire, Nosfell au Poste, Idir à l’Amphithéâtre de la Sucrière, Jon Spencer au Printemps de Bourges, Enema + Elektrolux à la Machine, Spaceheads au Balthazar, No Means No à Mirabeau, D’Aqui Dub à l’Intermédiaire, Servo à la Maison Hantée, Sabot à la Machine à Coudre, Les Thugs au Poste, Dominique A en solo au Moulin, Crumb à la Machine à Coudre, La Compagnie Jolie Môme au Festival d’Aurillac, Atari Teenage Riot au Printemps de Bourges, NTM au Stadium de Vitrolles il y a très longtemps (une baston générale en bonus), … Mais façon je suis pas partisan du c’était mieux avant et j’espère toujours que le prochain concert me foutra une claque !
Le Pire ? En général je ne me souviens pas longtemps des mauvais concerts. Ah oui, Saez au Moulin. Je connaissais pas, on m’avait présenté ça comme inspiré de Noir Désir, je me suis cassé rapidement, insupportable.

Philippe : Oufffffff... Allez, ma première idée parmi des milliards : Mercury Rev à l'Espace Julien (il y a 3 ans), absolument magique et sublime et devant une salle à moitié vide. Dans un autre style, des moments magiques avec Peter von Poehl, Zone libre, Petit Vodo. Ou alors la soirée « 5 ans des Ratakans » qui reste à ce jour le Woodstock de la scène punqueroque marseillaise.
Sinon j'assiste chaque année aux Eurockéennes de Belfort ou à Rock en Seine – là aussi parmi des milliards de réponses possibles, le concert de Ez3kiel vs Nosfell dont je suis ressorti les larmes aux yeux il y a 3 ans. Pour l'énergie pour moi les meilleurs actuels sont les Queens of the stone Age, les Hives... Et en français Dionysos et Katerine. Et mon dernier concert de métal grandiose a été Rammstein à Nîmes, une tuerie absolue. Mention spéciale aussi aux historiques Motörhead passés nous ramoner les écoutilles à Istres en 2007.
Pour ce qui est du pire on pourrait proposer les Naast au Poste à Galène : annoncés géniaux, supposés mauvais et en réalité absolument à chier. Les Hatepinks ou Aggravation, quand je les vois sous ma double identité schizophrène. Ou encore Johnny que j'ai trouvé à la fois complètement ridicule et tout à fait grandiose par certains côtés.



Pirlouiiiit
:
Très dur de répondre à cette question même si je la pose habituellement… En 2002 j’ai vu 156 groupes, en 2003 : 143, en 2004 : 154, en 2005 : 233, en 2006 : 259, en 2007 : 241 et cette année j’en ai déjà vu 93… Comment en sortir un ou même plusieurs sans en oublier… Je pourrai citer Louise Attaque devant un vingtaine de spectateurs au Poste mais ce n’était pas top, M toujours au Poste en concert gratuit, déjà plus, Tanger toujours au Poste (j’habite tout près de cette salle et il faut bien avouer qu’elle a un rapport taille / qualité qui se prête aux instant magiques), je pourrais citer Louis Ville ou Casse-Pipe au Balthazar, Nery au Café Julien, LO + Elektrolux au Poste, the Ex ou the National à NY, Zone Libre, Idir la première fois, Woven Hand à Doun, …
Des déceptions il y en a eu un paquet aussi des groupes qui se sont dégonflé comme des ballons de baudruche sur scène (où le buzz médiatique ne peut pas les aider) comme Bloc Party au Moulin, Mobb Deep et plus généralement tous les « gros » rappers américains qui se contentent de faire scander leur nom par un public médusé de voir enfin en vrai son idole et lui pardonne donc tout…


Quel regard portez vous sur l’évolution de la scène rock (et musicale) marseillaise ces dernières années et globalement depuis la création de Live in Marseille ?

Stefan : Ce qui est assez amusant c’est la fascination d’une partie des jeunes punk rockers sur un supposé âge d’or, à savoir l’époque Gasolheads et Ratakans. C’est sûr que les Ratakans, le Dépanneurs nous ont fait vivre de fabuleux concerts, se dépassant sans compter, portant cette scène à bout de bras, avec le renfort de l’incontournable Machine à Coudre. Mais on était bien moins nombreux dans le public ! Nous qu’on regrette parfois c’est normal, on avait 20 piges, mais les jeunots devraient profiter de la foisonnante scène actuelle. Depuis quelques années, y a eut un revival du public et ça fait bien plaisir. Y a qu’à voir les hordes que drainent les Vaginal Liquid, Menpenti, Ynodible, les Jolis. Et cette génération va voir les groupes de vieux comme Hatepinks, Neurotic "RIP" Swingers, Aggravation, Ich Bin Dead, …

A mon sens, la scène punk-rock est celle qui a le mieux réussi la transmission générationnelle. En faisant jouer des jeunes formations en première partie de leurs concerts les « vieux » ont encouragé l’émergence d’une nouvelle scène, qui s’est empressé de créer asso, collectifs, webzine et autres labels et d’organiser à son tour des concerts ! Actuellement y a quand même beaucoup d’actualité et pas mal de monde à chaque fois. L’activisme, et le sérieux, d’une asso comme Chavana est quand même remarquable ! Sans oublier le rôle essentiel de Massilia's Burning pour fédérer tout ça. Sans vouloir vous cirer les pompes, Massilia est un élément incontournable de ce milieu, un boulot plus que sérieux, avec un esprit pas clanique et pas donneur de leçon, chapeau bas les gars.

Car effectivement le net a quand même pas mal changé la donne de la com’. Olivier Gasoil a été un des pionniers, montant les sites de pas mal de groupes. Fort peu modestement, je pense que Live In Marseille a pas mal participé à la diffusion de la scène indé en dehors des médias culturels et des fanzines (à l’époque très peu de sites, pas de blogs, pas de Myspace, …). Attention, je dis pas que le net a révolutionné tout ça, on reste comme à l’époque dans clivages médias indé / fanzine / grand public / cultureux, … D’ailleurs je me sens plus proches de certains collègues de la presse écrite, que certains médias virtuel. Mais le net a carrément élargi le spectre de la diffusion. Après y a aussi des effets pervers à ce côté virtuel. Aujourd’hui les groupes annoncent leurs concerts via des communiqué et commentaires Myspaces, moins en collant des affiches, en flyant, donc moins de rencontres réelles. C’est parfois hallucinant, des groupes marronnent de ne pas être annoncé dans les médias alors qu’ils n’envoient pas de communiqués de presse aux journaleux mais des commentaires Myspace à leurs « amis » !

Niveau changement, il y a aussi l’apparition du Lollipop Music Store. Un vrai lieu de rencontre physique pour ce milieu indé. C’est vrai que ça manquait dans la décennie précédente, on se croisait qu’aux concerts et dans les bars. Bon on a tous dit la bénédiction qu’à été le Lollipop, j’y reviendrais pas.
Même si on a une nouvelle génération de groupes, les clivages demeurent. Je parle pas des styles, j’ai jamais été doué pour les étiquettes (malheureusement le public oui et on peut regretter le côté secteur de celui-ci qui ne se mélange guère). Mais les démarches de groupes se partagent, comme avant, entre partisans acharnés du Do It Yourself (comme les *25*, Binaire, Hatepinks, etc...) et ceux qui s’appuient sur les (rares) dispositifs institutionnels existant. Soyons lucide, la plupart se situent entre les deux.



La génération qui a monté des salles, qui a intégré les institutions, les MJC,... Dans la période (parait-il faste) des années Mitterrand a pu monter des dispositifs d’aide à l’émergence de groupes. Le plus connu c’est le Réseau Printemps de Bourges, mais en local y a aussi le beau boulot du Moulin auprès de Nation All Dust, Capt’ain Carnasse et sa Momie, la pépinière d’Aubagne (qui accompagne The Simple cette année), Co3 (le Cabaret, le Moulin, Grenouille) avec Markovo, Heidi, … A titre perso, je me refuse de donner des leçons à qui que ce soit sur la démarche choisie, respectant autant les *25* que Nation All Dust. Le mythe du « vendu », du « commercial » est tenace dans le milieu et me fais ironiquement rigoler vu que les langues de putes et les embrouilles à la con ont lieu autant chez les « purs » que les autres (hé les gars, si on gardait notre colère contre ceux qui expulsent les sans-papiers ?).

Bon là, j’ai axé un peu sur le côté punk-rocker que je connais le mieux mais faudrait pas négliger aussi l’avancée qu’a été l’apparition de l’Embobineuse pour tout la scène barrée, noise, expérimentale. Dans tous les cas, avoir une seconde salle « underground » en plus de la Machine c’est pas un luxe pour Marseille ! Une autre initiative remarquable, le boulot des filles d’In the Garage, qui a réussit le pari (audacieux) de tirer un trait d’union entre les scènes rock et electro indie. Je crois que ce sont elles que je croise le plus dans des concerts de styles différents, preuve d’une ouverture d’esprit qu’on retrouve dans leur festival B-Side. Dans la série « je vais pas me faire des amis parce que c’est de bon ton de les critiquer dans le milieu», faut quand même saluer la programmation du Poste à Galène sans qui on manquerait pas mal de trucs sur Marseille. J’y prends régulièrement des claques et c’est pas pour rien que c’est la salle que je fréquente le plus après la Machine à Coudre.

Dernier truc, il est de bon ton de critiquer ces « connards » de journalistes qui ne soutiennent pas la scène locale, et gnagnagnagna. Y a quand même du bon boulot de fait dans les médias du coin par des gars qui ont l’oreille baladeuse et qui arrive à porter ce type de sujet dans leur rédaction (c’est moins évident que quand on est seul à décider !). Y a de très bons papiers dans la Marseillaise, l’Hebdo, Nouvelle Vague, Ventilo, 20 Minutes, et c’est pas parce que nous avons parfois des divergences éditoriales qu’il faut cracher sur ces autres pseudo-vendus. Bon après je pourrais aussi te parler des heures des scènes hip-hop (écoutez RPZ !), occitane (Karpienia, D’Aqui Dub, Lo Cor de la Plana peuvent être des plus punk), chanson (On vend la Carvane, Leute, On s’fait une bouffe,..), etc… mais bon le mieux c’est quand même de suivre ça dans les newsletters hebdo !

Philippe : La scène me paraît foisonnante et archi créative (cf la vingtaine de punks qui jouent tour à tour les uns avec les autres en créant un nouveau groupe tous les 6 mois...). I ll y a une bande de programmateurs fous qui ne craignent pas de se mettre dedans et à qui je fais une totale confiance : Relax & Co, Dépanneur, etc. Plus les petits locaux qui se bougent bien le cul comme Chavana ou... Massilia's Burning.
Le public par contre me paraît peu curieux, voire complètement sectaire... Même si j'y ai plein des potes ca me fait parfois chier de savoir à l'avance en fonction du concert qui je vais y voir, et ce de façon très précise : un coup les punks, un coup les noisy... Sans jamais se mélanger, à 2 ou 3 exceptions près (comme les gens estampillés Live in Marseille dont je m'honore de faire partie).
J'aimerais tant que ces gens soient plus curieux, croiser un jour un punk poseur à un concert de dub occitan... Récemment j'ai été choqué de voir que la galaxie occitane découvrait pour la première fois le magasin Lollipop le jour où Moussu T est venu y jouer !! J'arrive pas à croire que ces gens supposés sympas, ouverts (et de gauche) ne fréquentent pas un disquaire local qui se démène pour exister, plutôt que Virgin et la FNAC...

Pirlouiiiit : La scène rock, à l’image des autres, me parait beaucoup plus prolifique qu’avant ! Plein plein plein de groupes ! Et la plupart très bons ! Aucune excuse pour le public qui se plaindrait en disant que c’est moins riche que dans certaines villes dont les artistes passent plus à la radio.



La question labélisée « Live in Marseille » : un conseil resto, bar et les bonnes adresses en général ?

Stefan : En général les adresses qui figurent dans le Guide du Smicard qu’il me reste à écrire. En bar, le Bar de la Plaine pour son côté populo, un vaccin à la boboïsation de Marseille. En restau, l’Ummagumma, rue des Trois Rois, cuisine inventive et carrément bonnarde, addition légère et accueil au top. En autres lieux, la Machine à Coudre et Lollipop, mais pas besoin d’expliquer pourquoi sur Massilia's Burning ! Le Pôle Info Musique pour les groupes et assos du secteur. La Réserves à Bulles, librairie BDs avec accueil au top pour les amateurs. Sinon, pour d’autres raisons, l’Union locale CGT.

Philippe : Resto : le Délice Thaï rue des 3 mages (après 3 séjours en Thailande je n'ai pas trouvé une cuisine plus fidèle à l'originale). Spécial copinage : l'Estanco chez Gilda (place du Chien Saucisse) pour les savoureux produits de la mer à manger sur le pouce chez mon ami Mathieu. Bar : je n'y connais rien, hors salles de concerts je ne fréquente à peu près que Les Maraîchers, le Petit Nice, le Baraki et la Passerelle.

Pirlouiiiit : Restau : en ce moment je tourne entre Pavillon Thai, O Pakistan, Fayrouz, La Tasca, Temps des Mets, … Bar : Petit Nice, Red Lion Downtown car souvent vide le vendredi en fin d’aprem’ donc on peut s’y installer à plusieurs, sinon celui qui est au milieu de la place notre Dame-du-Mont…


Une question que tous les lecteurs se posent, le pingouin est il réellement un pingouin mystique ?

Stefan : Mystique dans le sens que ma relation à la musique n’est absolument pas rationnelle, ce que j’y recherche c’est une sorte de transe. Sauf qu’à ce niveau, je ne marche pas aux djembés mais au « déjà vieux règne de l’électricité » à chercher du côté de Fugazi, Ez3kiel, The Ex & co. Mais sinon dans la vie je suis plutôt athée voire anticlérical. Simplement Petit Gros Punk Pinguin c’était moins rock’n’roll comme pseudo...

Philippe : De plus en plus mystique (il se transforme en prêtre dès qu'il entend 3 titres sur un Myspace de n'importe quel groupe de garage) mais de moins en moins punk en ce moment (il est dans une phase titi-à-casquette qui présage une coupe future terrifiante).

Pirlouiiiit : Euh…


Le mot de la fin ?

Stefan : Live In Marseille n’est pas une secte, on encourage tout le monde à écrire ses chroniques de concerts avec comme seul impératif un minimum d’effort (éviter le « Trop bon », « c’est de la balle », etc..). Ca me permet de revenir sur un truc assez chiant, c’est le nombre de personnes qui vont qu’aux concerts de leurs potes. C’est impressionnant le nombre de chroniques postées (et qu’on valide pas, n’insistez pas) du genre « J’ai découvert un groupe en entrant par hasard dans cette salle, c’est le meilleur concert que j’ai jamais vu ! ». En plus d’avoir l’impression de se faire prendre pour un con, ça rend absolument pas crédible l’impression laissée : j’ai plus tendance à prêter attention aux personnes qui font pas mal de concerts, qui ont une approche curieuse de la musique, plutôt que de l’acharnement dithyrambiques sur un groupes alors que ces pseudo-chroniqueurs ne parlent jamais d’autres formations. D’ailleurs ça a tendance à me braquer contre le groupe. A bon entendeur… Support your local scene & your local bands !

Philippe : En tant que chroniqueur, la plus belle récompense à ce que nous faisons est d'avoir un retour écrit des groupes et/ou des lecteurs. Etre félicité par le chanteur de Wraygunn ou des Cowboys pour mes chroniques, remercié chaleureusement par des groupes passés par Marseille et bluffés par notre boulot (The Suppositorz ou Poni Hoax par exemple), ou encore comparé à Lester Bangs par le responsable Presse des Eurocks... mais aussi un petit mot de Relax & Co, du programmateur du Moulin ou de n'importe quel lecteur inconnu, me relance l'envie d'écrire pour au moins 6 mois à chaque fois !

Pirlouiiiit : Pas besoin de « savoir écrire » pour le faire ; raconter un concert est à la porter de n’importe qui, imaginez que vous parlez à un pote… Plus il y aura de gens qui écrivent sur ce site, plus il sera riche ! Aidez nous dans notre lutte pour que l’argent ne l’emporte jamais sur le talent !


Merci beaucoup.

Interview réalisée par mails par Zhou en Mai 2008.


http://www.concertandco.com/marseille/
http://www.myspace.com/liveinmarseille