Vendredi 18 Mars 2011 - 20h30 - Nomad Café - Marseille

Gaïo - Thomas Pitiot & Batlik

 

Mais que vient faire la chronique d’un concert de chanson française sur notre bon vieux site marseillais dédié au Punk, au Hardcore, à la Oï et même au Psychobilly ??

L’unique raison est celle-ci : Thomas Pitiot, poète au long court, étant un vieux collègue, je me suis permis de le pistonner en chroniquant en loucedé son concert marseillais. Les pratiques clientéliste étant monnaie courante dans notre belle région, je pense qu’aucun lecteur ne s’offusquera de mon initiative.

Ce vendredi soir donc, dans le cadre du festival “Avec Le Temps”, le Nomad Café proposait une soirée découverte avec deux groupes à l’affiche : Gaïo et Pitiot & Batlik.

Le Nomad Café, faut vraiment avoir envie d’y aller, parce qu’il se situe tout au bout du Boulevard National, à deux pas de la zone du Chemin de la Madrague-Ville. Ami lecteur, si tu possèdes pas une bagnole, t’es foutu... Je sais, je sais, ami militant du CCV de la Rue d’Aubagne, on peut aussi y aller en vélo... A condition toutefois d’avoir dans sa poche la carte “Increvable” du jeu des 1000 bornes...

Mais revenons au Nomad Café - première fois que j’y mettait les pieds - c’est une belle petite salle toute neuve, qui ressemble un peu à l’Escale Saint-Michel en plus petit et plus “cosy”. Un grand plateau scénique au fond de la salle, un bar carré tout de suite en rentrant (la bière à 2,50 €, pas très quartier nord ça, comme tarif...), une excellente sono et tout plein de projos allumés. Du coup il faisait tout de suite très chaud dans la salle, moyennement remplie d’un public trentenaire bon enfant.

En entrant, Gaïo (le frère de Gaïa ??) avait déjà fini son set, et sur scène, Thomas, mon poteau, se penchait sur ses derniers réglages... Mais qui est donc ce Thomas Pitiot dont je vous rabat les oreilles vous demandez-vous ? C’est en fait un sequano-dyonisien... Heu... J’veux dire, c’est un gars qui est né et à grandi en Seine-Saint-Denis, le département le plus africain de France métropolitaine. Normal donc que sa musique soit profondément influencée par les mélodies et rythme venus d’Afrique noire. Et comme il a été biberonné à la chanson française depuis sa tendre enfance, Thomas Pitiot distille une musique singulière ou la langue de Baudelaire s’accorde sans fausses notes avec le balafon et la kora sénégalaise. Ca fait un bail qu’il roule sa bosse, avec déjà trois albums au compteur. Cette fois, il a décidé de délaisser un temps son orchestre pour entamer une collaboration en duo avec le chanteur Batlik (au Sénégal on l’appelle “Patrick”).

Assis sur des chaises de bar, guitares électro-acoustiques à la main, c’est dans une ambiance très intimiste qu’a débuté le concert de Thomas Pitiot & Batlik. Le principe étant que chaque chanteur y aille de sa propre compo, simplement accompagné par son acolyte à guitare et aux choeurs. Un concert en alternance, quoi, “la place de l’autre” ils appellent ça. Comme ça, aucun des deux chanteurs n’est la vedette ni ne tire la couverture à lui. Les morceaux s’enchaînent impeccablement, par contre les enchaînements traînent en longueur... La faute à Batlik qui a du mal à accorder ses différentes guitares. Mais tu peux prendre ton temps Batlik, parce ça permet à Thomas d’assurer les intermèdes en racontant blagues, histoires et anecdotes pour le plus grand bonheur de nos muscles zygomatiques.

Sur scène, les deux compères se complètent à merveille: d’un côté la Batlik-attitude, musicien un peu à part, la tête plongée dans ses accordages, qui joue nonchalamment un blues swinguant sur une voix grave avec cette intonation si particulière qui le caractérise. De l’autre, Thomas, le poète urbain amoureux de sa banlieue rouge, bout-en-train et blagueur, mais toujours avec les mots justes, l’observateur cruel des injustices de notre monde qu’il tient à dénoncer dans des chansons parfois douces et tristes, parfois gaies et entrainantes. L’alchimie du binôme prend forme et nous envoûte... on se laisse aller, on s’assoit par terre, on rigole, on est heureux et on en redemande...

Un rappel = deux chansons, cool les duos ! Une reprise, “Ma Mome” de Ferrat. Deuxième rappel, Batlik nous joue un de ses vieux tubes. Après, le salut final. Dommage, on serait bien rester jusqu’au bout de la nuit.

Griffu


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