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Samedi 5 Avril 2008 - 21h - La Machine à Coudre - Marseille

The Dolipranes - Royal Panties Addiction - The Suppositorz

 

Pas besoin d'avoir raté Médecine pour comprendre la portée thérapeutique du programme suggéré par la bien jolie affiche de cette soirée, puisqu'on y précisait la posologie à suivre en cas de déprime acoustique, et en particulier de manque de bruit amplifié entraînant une léthargie passagère. A savoir : procéder d'abord par voire orale avec une a deux boîtes de Dolipranes, recourir ensuite à la pose éventuelle de vêtements de contention de marque Royal Panties Addiction et, le cas échéant, finir par l'insertion en voie anale - et la pointe en bas comme il se doit - d'un escadron de Suppositorz...

Pour ne rien vous cacher, suite à un problème de timing, j'ai hélas raté 96,3 % de cette soirée et donc, de cette prophylaxie. A croire que je suis décidément maudit avec les Suppositorz de Moulins City, une bande de petits salopards de poseurs tatoués et gominés à lunettes noires, obsédés par le jean, obsédant par ailleurs notre clermontois Pierre Andrieu qui est lui-même un obsédé du jean - la boucle est bouclée. Ne portant moi-même que ce genre de pantalons (et même si MOI, je les enlève pour dormir), je me suis d'ailleurs permis de chroniquer il y a déjà un moment l'un des 3 courts mais ô combien jouissifs albums déjà commis par cette bande pétaradante.

Concernant les deux premiers groupes, grâce à des souvenirs récents je peux néanmoins affirmer que les Dolipranes sont trois grands types à peine sortis de l'adolescence (puisqu'ils sont encore jeunes et minces) jouant (plutôt bien) du punk-rock à fond la caisse, dont l'un est devenu blond dernièrement si j'ai bien vu, et que les Royal Panties Addiction, également de la mauvaise graine fan de garage japonais (probablement déjà en échec universitaire, eux), délivrent (bien aussi) un disco-punk esplosif genre Arctic Monkeys et tout à fait réjouissant - la combinaison des deux groupes ne pouvait donc que mettre en joie n'importe quel auditeur immuno-déprimé... Autant dire qu'avec de telles connaissances n'importe quel journaleux de Rock'n'Folk vous aurait déjà torché, ni-vu-ni-connu, un compte-rendu comme s'il était arrivé au début du concert.

Mais à LiveinMarseille nous sommes comme chacun sait des gens honnêtes et consciencieux : après avoir avoué que j'ai tout raté samedi soir, je suis donc prêt à blablater s'il le faut, et ce même sur les 7 minutes de concert que j'ai vues en tout des Suppositorz - ayant déjà établi une sorte de performance en employant (je crois) pour la première fois dans l'histoire de ce site le mot "prophylaxie" dans une chronique, je peux aussi tenter de battre mon propre record de chronique la plus bavarde ! Bref nous avons finalement atteint la salle, pas complètement pleine mais apparemment assez en joie et, d'après l'odeur, ayant déjà bien remué sa couenne !

The Suppositorz by Philippe
The Suppositorz by Philippe

Pendant que le groupe finissait une chanson pied au plancher, on y remarqué immédiatement outre le total look attendu, quelques petits détails plaisants, comme cet orgue Farfisa vintage, le même que celui sur lequel aime à grimper James 'Preacher' Cavalier des Lords of Altamont - ce qui confirme s'il en était besoin qu'on est sur le même créneau de garagistes en cuir et goguette, fans également de micros vintage avec un max de reverb, et de guitares au son le moins trafiqué et le plus sale possible, ainsi que de boucles de ceintures tapageuses, colliers "Rahan" et autres tatouages... Ceux-ci ont d'ailleurs déjà ouvert pour ceux-là, si j'en crois ce que je lis par ailleurs sur ce site. Comme par hasard !

Puis au moment où l'on a noté que l'un d'eux avait toujours sa chemise cintrée (tatouages pas finis peut-être ?), le guitariste/chanteur qui se battait depuis un moment pour trouver comment ré-émettre un son amplifié de sa guitare aphone, a fini par résoudre le problème. Tout content, il a donc mis le son à fond la caisse - c'est de bonne guerre, à un point où il a presque réussi à masquer le son de la totalité des autres membres du groupe. Bon, c'est vrai que c'état assez drôle et un peu horrifiant tout à la fois, en tout cas ça ne valait plus le coup de le signaler à l'Ingé-son puisqu'ils avaient annoncé que ce serait leur dernière chanson...

Heureusement et pour ne pas rester sur cette impression d'écouter Metal Music Machine (part 3) de Lou Reed, le groupe a interprété en rappel une pétaradante et fort plaisante version de la fameuse Surfing Bird des Thrashmen (M'baba mmh mama M'baba mmh mamama), un classique de garage s'il en est, dont j'ai d'ailleurs une vidéo pas trop mal qui est en ligne ici. Tout ça pour dire que 7 minutes des Suppositorz sont plus intéressantes à entendre qu'un album entier des Naast - même ligoté et avec une pomme dans la bouche, et que leurs pires larsens restent encore moins pénibles que le refrain de Houna des BB Brunes - même écorché vif et pendu par les pieds à un crochet.

The Suppositorz by Philippe
The Suppositorz by Philippe

Enfin un petit échange avec le chanteur, ainsi qu'avec leur roadie amateur qui tenait la boutique, ont d'ailleurs fini de me convaincre que ces gens-là étaient fort recommandables et sympathiques, en plus d'être de vrais cadors sur scène. Espérons lever un jour la malédiction et voir enfin les Suppositorz dans une performance entière... Merci en tout cas à Relax-n-Co sans qui on se demande bien comment on occuperait nos fins de samedis soirs ces temps-ci (on est pas encore tout à fait remis du tsunami azuréen des Dead Clodettes d'ailleurs).

Cerise sur le gâteau, on nous a en outre promis un vinyle des Suppoz', un vrai avec les traditionnelles spirales et femme hurlantes dessus, et les aboiements d'Elvis barjo dedans, pour un de ces jours ! Alors bon vent pour la suite de sa tournée à la tornade de denim coupé serré, Ray-ban et autres pots de gomina, qui a traversé la Machine ce samedi...

Live report paru initialement sur Live in Marseille.

Philippe


Photos :
Philippe


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