Vendredi 5 Décembre 2008 - 19h - Lollipop Music Store - Marseille

The Dirteez

 

Parmi la scène garage underground, il y a quelques bandes qui ont le statut de groupe culte : Los Angeles a les Cramps, Marseille a les Dirteez, un partout ! Ce combo dont la formation doit remonter à un âge mythologique (avant myspace même, si ça se trouve !), déploie bien souvent sa fougue et sa classe dans des endroits improbables : la scène où je pense les avoir vus le plus souvent (deux fois en deux ans en tout cas) est la rue Crudère, devant le Cosmic'up, imperturbables et stoïques au milieu de vagues successives de foules agitées.

Ce soir par comparaison le lieu est donc quasiment paradisiaque : presque une vraie scène, en l'écrin du Lollipop Music Store (où ils sont déjà passés en début d'année d'ailleurs, avec un vrai photographe). Ils commencent d'ailleurs par battre un record : le concert démarre à peu près à 21 heures, soit deux heures après l'horaire annoncé et même, une heure après la fermeture théorique du magasin !

Stéphane avait pourtant ricané quand on lui a demandé si ça commencerait vers 20 h 30 comme d'habitude... Mais enfin on a patienté bien volontiers autour du bar, tandis que Miss 'DJ' Wild Cat Lou se faisait plaisir en manipulant toutes sortes de vinyles de vieilleries garage pétaradantes et mortelles dans le style Hazil Adkins et autres Link Wray. Il est vrai que les bacs spécialisés du lieu s'y prêtent bien...

The Dirteez by Philippe
The Dirteez by Philippe

A 21 heures donc, tandis que les malheureux auditeurs étaient déjà entrés de plein pied dans leur soirée (certains étant même déjà repartis), une fois les Dirteez bien hydratés et le membre manquant du groupe étant arrivé, le set commence enfin. Heureusement que la salle n'est plus trop peuplée parce qu'ils y sont manifestement à l'étroit, débordant largement de l'estrade : ils semblent en permanence évoluer sur des vagues, d'avant en arrière et de gauche à droite, allant se pencher dans le public ou au dessus des bacs. Ils joueront une dizaine de titres, avec un son lo-fi mais des compositions assez classieuses (difficile d'annoncer le moindre titre même quand on a certains de leurs disques à la maison).

La voix rauque du chanteur Clint Lhazar se marie en tout cas toujours admirablement avec la guitarde incisive de Wild Cat Lou. La batterie rose (et en moumoute s'il vous plait) et la basse ne sont pas en reste - on sent qu'ils jouent ensemble depuis suffisamment longtemps pour pouvoir sonner parfaitement sans s'affoler. Le chanteur ne force pas son talent, s'amuse avec le public, tend ou donne volontiers le micro à qui le veut, notamment à un pote que je crois avoir déjà vu jouer avec eux...

Et puis qu'à cela ne tienne, chacun sait que quand les Dirteez jouent, tout le monde n'a de toutes façons d'yeux que pour Madame Wild Cat Lou, ses poses lascives, souples et sexy, son regard torve et ses mimiques : une certaine incarnation de l'idéal féminin rock, et une classe inouïe. Du genre qui refuserait de jouer sans rouge à lèvres. Du genre qui peut se retrouver assise sur ses fesses avec une Gretsch sur les genoux, et remonter avec élégance sur ses talons hauts sans avoir l'air d'avoir fait le moindre effort ni filé son collant !

The Dirteez by Philippe
The Dirteez by Philippe

Au final, un concert sans prétention et néanmoins excellent moment de rock'n'roll ! Vivement notre prochaine rencontre donc.

Plus tard dans la soirée, on rejoindra l'accueillante Machine à Coudre, un autre de nos abreuvoirs préférés, où se produisent ce soir sous étiquette Relax'n'Co, les Rock'n'Roll Adventure Kids, un trio de chevelus amerloques, qui jouent un punk rock vrombissant et très efficace, hélas légèrement au dessus du seuil de la douleur pour les oreilles... L'endroit idéal en tout cas pour finir une soirée qui avait déjà fort bien commencé !

Live report paru initialement sur Live in Marseille.

Philippe


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