Agrandir

Jeudi 4 Février 2010 - 20h - Poste à Galène - Marseille

Dissonant Nation - Plasticines

 

Par les temps qui courent il devient trop rare que le Poste à Galène soit complet, on ne peut donc que se réjouir que les jeunes rockeuses et rockers des Plastiscines et de Dissonant Nation aient réussi à faire le plein, plus de 250 personnes donc, et un soir de pluie encore ! D'autant que le public est plutôt jeune certes, mais pas que : il y a aussi des personnes âgées (de plus de 20 ans) qui semblent avoir suivi le conseil de concertandco de le voir sur scène, notre seul girl rock band qui s'exporte outre-Atlantique à ce jour. Au fait, les ricaneurs : même wikipedia est incapable de citer un girl band français de bonne qualité et de dimension nationale... une idée quelqu'un ?

Poste à Galène by Pirlouiiiit

Non ? Donc... retour des jolies Plastiscines, venues défendre leur dernier disque. Il est vrai que dès leur premier passage il y a presque, eh oui, 3 ans déjà, elles avaient plutôt bien assuré le steak. Comme d'habitude, il n'y a qu'un disque à la console en interlude : celui de ce soir, c'est le premier The Horrors - on a vu pire et on patiente donc gentiment, tandis que les plus jeunes filles sont déjà solidement plantées devant la scène (comme à tous les concerts des BB Brunes, par exemple).

La première partie a été confiée à Dissonant Nation, le trio rock aubagnais qui monte en ce moment, et que LiveinMarseille a interviewé il y a quelques mois. La première qualité qu'on peut leur reconnaître, c'est une grosse énergie et une attiture rock'n'roll parfaite, allant du bassiste impassible (et vraisemblablement quasi-aveugle derrière son épaisse mèche de cheveux noirs), au batteur cogneur frisé qui semble tenir la baraque, et au chanteur à l'attitude impeccablement arrogante et provocatrice, également porteur d'une mêche imposante devant les yeux. Ce dernier maîtrise déjà parfaitement des figures techniques pourtant complexes, comme le monté-joué sur batterie avec guitare et saut croisé hurlé... ce qui est d'autant plus dur avec une vision diminuée de 90 % de cheveux.

Dissonant Nation by Pirlouiiiit

Le public reste pourtant plutôt apathique devant ce beau déluge d'énergie juvénile, qui alterne les titres franchement bruyants et d'autres plus musicaux ; on constate assez vite que Lucas est (pour le moment ?) meilleur guitariste que chanteur et on prendra donc plus de plaisir à écouter leurs titres un peu glam ou pop, que les braillés-tout-à-fond qui restent encore assez loin en inspiration et en maîtrise des Hives, White Stripes et autres Horrors dont le groupe affiche les influences. Au moins ont-ils déjà leurs propres compos, et rien de honteux pour le moment ! A l'échelle des groupes homologues parisiens : ils sont plutôt Second Sex que BB Brunes quoi... Et si leur reprise de D.A.N.C.E. de Justice mériterait d'être plus mélodieuse et mieux interprétée au chant, les fondamentaux énergétiques sont déjà là, et le titre ne demande qu'à devenir leur tube !

Dissonant Nation by Pirlouiiiit

Et puis il est facile d'imaginer par analogique que les premiers concerts des Stooges ne devaient pas ressembler à grand-chose (c'était sans doute moins bien que ça d'ailleurs) - et pourtant dieu sait ce que le rock leur doit : laissons-leur le temps de progresser, à ces Dissonant Nation, ils en ont le potentiel et encore une belle marge. D'ailleurs d'autres titres sonnent déjà très bien, comme celui noisy-électro-furieux effectué avec des masques grippaux (pas très loin des Horrors pour le coup) et celui vers la fin qui faisait "because we are ... ha ha ha !" Au final une prestation perfectible donc, mais plaisante et tonique. Laisser mûrir quelque mois et revoir !

Plasticines by Pirlouiiiit

Un CD des Horrors plus tard donc, et voici les Plasticines de retour pour commencer par ici leur Bitch Tour. Toujours en formation 1-2-1, blondes de face et brunes sur les côtés, avec tout la lumière sur la chanteuse Kathy qui entame un Shake et un Pas avec Toi de haute énergie. La chemise à carreaux et la mêche devant les yeux de la dernière fois ont laissé place à une robe de soirée très seyante, surmontée d'une coiffure en forme de pièce montée : la demoiselle est chic et sa voix est toujours parfaitement placée et très agréable. Tout comme celle des trois autres qui assurent les choeurs, y compris la nouvelle batteuse, irréprochable. Les deux brunes Marine et Louise pourraient toutefois se mettre un peu plus en avant à l'occasion.

Plasticines by Pirlouiiiit

Les titres anciens ou récents sont joués : Mr Driver connaît quelques problèmes de justesse, mais I could Rob You est vraiment sympa et pétaradante, avec un son garage. Plus loin l'exercice de la balade I am Down passe plutôt bien grâce aux jolies voix - c'est le moment que choisit le lourd, il y en a toujours un, pour crier "à poil" - il en faudrait plus pour les impressionner, tout comme quand un autre fait tomber la chanteuse : elles ont eu le temps de se tanner le cuir en trois ans de scène, ce ne sont plus des oies blanches, si ça en a été un jour... Zazie fait de la bicyclette reste leur meilleure chanson du premier LP, et Camera s'avère bien meilleure en live - juste assez fort pour qu'un écoute plus les paroles, et seulement les guitares !

Plasticines by Pirlouiiiit

Le tube du deuxième album est manifestement Bitch aussi sur scène (c'était déjà notre préférée sur disque) : la chanson a le petit côté groovy et glamour qui sied le mieux à ces filles (surtout depuis que leur chanteuse se coiffe comme celle des B 52's). Le public définitivement content et ce charmant mélange visuel cheveux/guitares finit par nous emporter, tout comme l'enchaînement Runaway - Barcelona (où l'une des guitares se fait hélas un peu la malle vers le haut ou vers le bas...). Le mélange grosse pêche et instruments désaccordés redonne à cette occasion au groupe une fraîcheur débutante et vaguement paniquée, assez amusante. On redécouvre aussi You're no good sur scène, avec un son garage bien plus cool que sa production un peu sage sur album.

Plasticines by Pirlouiiiit

Hélas les demoiselles s'en vont déjà, et le rappel (du public) est franchement poussif. Au point qu'on se demande si elles vont revenir, faut pas leur en promettre, après tout, si on ne le mérite pas, elles ont bien raison les filles.... Il faudra donc gueuler un peu pour de vrai pour les voir revenir, et pas que les fillettes de devant (qui ont bien mérité leur Loser préféré, la chansons d'une génération de collégiennes on dirait !) Et en bonus, un deuxième bi-aïe-ti-ci-ètch, ce coup-ci en français (apparemment c'est une expérience inédite) : la chanteuse, très pro, insiste et relance suffisamment le public pour faire décoller l'ambiance - il n'y a plus qu'à cueillir leur monde avec leur punk-rock Lost in Translation, très réussie. Emballé, c'est pesé, une heure de concert des Plastiscines, c'était fort bien troussé une fois de plus !

Plasticines by Pirlouiiiit

Car au final on a eu ce soir-là un concert de belle facture, dans une salle pleine qui augure d'une belle tournée, à condition de travailler encore un peu les réglages sonores vers plus de simplicité : la justesse du chant et du jeu n'impose nullement des tonnes de reverb et d'effets... Qu'on les laisse jouer avec un son brut et ça décoiffera encore davantage. Enfin ce n'est que mon avis ! Bonne route à vous mesdemoiselles, et à la prochaine peut-être...

Live report paru initialement sur Live in Marseille.

Philippe


Photos : Pirlouiiiit (+)


>> Retour au sommaire <<