Mercredi 18 Février 2009 - 20h30 - Le Dôme - Marseille

Free Peace - Oasis

 

Commençons par le commencement. Oasis à Marseille est une sorte d’événement. Bien que les places ait eu du mal à se vendre c’est bel est bien dans un Dôme affichant archi complet que les boys de Manchester ont eu l’occasion de se produire.

Pour enchainer sur ma vie, je suis « fan » - dirons-nous - d’Oasis. Un groupe qui comme bon nombre de jeunes gens de ma génération, biberonnés dans leur adolescence par le rock estampillé ’96, demeure l’un des cultes absolu de leurs années collège-lycée. Vu la réputation scénique du quintet je m’étais juré de ne jamais aller les voir. Sous entendu je ne ferai jamais quelques kilomètres pour voir une bande de pochetron anémique baragouiner leurs morceaux, quand ils n’annulent tout bonnement pas leur tournée. Toutes ces belles paroles c’était bien sur sans compter sur le fait qu’ils daignent passer un beau jour de février 2009 par la non moins belle et hautement culturelle cité phocéenne. Alors vu sous cet angle de beauté.

Oasis by Pirlouiiiit
Oasis by Pirlouiiiit

Les clichés d’Oasis sur scène on les connaît tous. Les frangins Gallagher torchés comme des irlandais, Liam mains dans le dos, cambré sur son micro à bouffer les paroles, Noël pété d’arrogance insultant le public. Rien de bien neuf. Les chroniques des concerts précédents la date marseillaise font majoritairement constat de fans désabusés face à leur groupe préféré. Mouais, inutile de laver la vitre brisée.

Beatles ou Rolling Stones ? Oasis ou Blur ? Comme s’il fallait toujours nécessairement faire des choix. Contrairement à la classe politique on a ici abondance de bien, pourquoi s’emmerder à choisir. Bon nombre de malappris se serve de Blur pour critiquer Oasis. Ok la guéguerre à fait rire tout le monde à une époque, mais Blur c’est Blur et Oasis ne craint pas parce que Blur est meilleur. Peut être aussi que je dis ça parce que je réponds Beatles à ma première question. Aller savoir.

Oasis by Pirlouiiiit
Oasis by Pirlouiiiit

Bref, on le sait, les popeux anglais ne sont pas fait pour la scène. Songwriter de talent, ok, voix pop fantastique, ouais. Mais sur disque. Arctic Monkeys, The Rakes, Bloc Party, Franz Ferdinand et… Oasis. Tout ces groupes fantastiques sur sillons (nan pas Bloc Party faut pas déconner) se vautre sur scène. C’est la règle. C’est connu et reconnu par la science. C’est dans le gène anglais. Ils font des morceaux pop anthologiques mais ils ne sont pas foutus de les défendre en live. Tout ça pour dire que j’étais préparé pour ce concert d’Oasis. Peut être trop même.

La première chose qui choque c’est la gueule de Liam Gallagher. Merde ! C’est quoi ces cheveux courts et ces favoris – pour ne pas dire rouflaquettes – digne d’un Phillipe B. Non pas que le style capilo-barbier de mon cher confrère Live in Marsien soit en quelque façon critiquable. Mais Liam Gallagher c’est la coupe Beatles ! La religion Beatles. Le genre de gars qui appelle son fils Lennon, embauche le fils de Ringo, cite les Beatles toutes les deux minutes et parachève toute ses dates sur une reprise du fab four. Merde Liam Gallagher c’est les cheveux longs ! Pas une putain de coupe de milieu relayeur anglais avec les rouflaquettes d’Elvis. Ca va qu’il a gardé les lunettes…

Oasis by Pirlouiiiit
Oasis by Pirlouiiiit

Ce choc de fan passé on peut rentrer dans le concert. Eludons direct l’aspect descriptif et rébarbatif : quatre écrans géants derrière la scène diffusent des vidéos en rapport avec les morceaux (parfois sur la thématique graphique du dernier album) ou retransmettent le concert. Sobre mais vraiment bien fait. Noël squatte son habituelle aile gauche d’où il assure les chœurs, le duo guitare-basse reste en retrait pendant que Liam joue les Brandao des surfaces, mains derrière le dos, cambrure de rigueur (il ne peut pas monter son micro, sérieux ?) et tambourin à la pogne. Du classique statique.

Afin de causer tranquille, dégageons aussi les critiques. Alors oui. Le groupe a la tension artérielle d’une loutre. Aucun mouvement, aucune passion, Noël ne bronche pas, Liam ne bouge pas (parfois il reste carrément statufié pendant les passages instrumentaux) si ce n’est à de très rare moment où il esquisse un ou deux pas (surement pour faire passer sa crampe). Effectivement. Liam écorche bien les paroles. Il balance des « gnagnagna » en guise de couplet pendant Supersonic et chante comme un punk passablement arraché. Et alors ? Si c’est pour écouter le CD je reste chez moi. Ce n’est pas non plus la cata. Je veux bien que le public nourri au playback se montre exigent, mais faut pas pousser, on a vu pire. A noter toutefois que Noël s’applique beaucoup plus que son frère et tente d’insuffler un peu de passion (on sent le mec qui compose). Pour en finir sur les revendications, clamons qu’ils n’ont pas joués plein de bon morceaux comme Whatever, Some might say, Roll with it, Stand by me, She’s electric, Go let it out, … C’est dur d’avoir une discographie en béton.

Oasis by Pirlouiiiit
Oasis by Pirlouiiiit

Côté chaleur ça partait assez mal. Peu de communication sur le départ mais force est de constater que ça c’est arrangé au fil du temps. Au final bonne surprise sur cet aspect. La fratrie est (relativement) courtoise, remercie le public (bouillant, il faut le saluer), se fend de quelques mots ou signes au public (certes parfois pour chambrer ou provoquer, tant mieux, provoquons le public du Dôme !) et conclu sur moult courbettes et applaudissements à destination d’un auditoire acquis à sa cause. Liam offrira même son tambourin à une jeune demoiselle du premier rang. On est loin du groupe de hools bourrins qu’on m’avait vendu. Ca a du bon de vieillir.

Quand on va voir Oasis on sait à quoi s’attendre. On leur demande pas une perf scénique décapante, il n’en son pas capable. On ne leur demande pas de l’émotion, on n’est pas de Manchester. On ne leur demande pas non plus de chanter comme des ténors, c’est suffisamment carré pour ne pas être révoltant. Bref on leur demande de faire leur show sans trop nous prendre pour des cons en enchainant les dizaines de pépites qui composent leurs excellents albums.

Oasis by Pirlouiiiit
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Et pour ça le contrat est rempli. Une grosse heure et demie ventilant la discographie du groupe. Majoritairement des morceaux de leur (très bon) dernier album Dig out your soul (The meaning of soul, The shock of the lightning, …), mais aussi des morceaux plus « confidentiels » des méconnus Heathen chemistry (Songbird, …) et Don’t believe the truth (Lyla, The importance of being idle, …). Sans oublier le B-Side The Masterplan (The Masterplan, I am the Walrus), les albums intermediaries (Fuckin’ in the Bushe, …) et les cultes (Cigarettes & Alcohol, Morning glory, Rock’n’Roll Star, …). L’armada est réservée pour le finish : coup sur coup Wonderwall et Supersonic dynamitent le Dôme.

Après ces deux salves hystériques, le groupe reviens pour le rappel et parachève le travail : Don’t look back in anger version acoustique / intimiste avec seulement Archer à la gratte et Liam Gallagher au guitare-chant. Un rare moment d’originalité je l’avoue, mais un bon moment. En revanche ça me saoule les groupes qui font chanter le public sur le refrain des ultras tubes. Surtout quand c’est sur un de mes morceaux préféré. Merde je ne suis pas venu pour entendre chanter le quidam du coin. Si c’était le cas j’irais au karaoké. Heureusement c’était le seul cas de la soirée.

Oasis by Pirlouiiiit
Oasis by Pirlouiiiit

Notons à titre d’exhaustivité que quand le chant revient à Noël, Liam va s’asseoir à côté de la batterie. Personnellement je n’y vois pas un manque de respect pour le public. Il ne va pas non plus rester planter comme un con devant la scène sans rien faire. Déjà qu’il le fait quand il chante

Le rappel poursuit en puissance avec Falling Down, la terrible Champagne Supernova et une conclusion sur l’excellente reprise des Beatles I am the Walrus.

Je vous ai parlé de la première partie ? Non ?! Quel dommage. C’était un trio rock liverpuldien (tiens donc) qui tourne avec Oasis : Free Peace, et c’était pas terrible.

Free Peace by Pirlouiiiit
Oasis by Pirlouiiiit

Vous l’aurez compris je suis sortie content et agréablement surpris par la prestation des citizen boys. Loin d’être mémorable le concert vaut surtout pour les fans et le plaisir d’entendre en live des morceaux qu’on adore. Celui qui n’aime pas particulièrement Oasis aura trouvé ça ennuyeux à mourir j’en conviens. J’en reviens toujours au fait qu’on ne va pas voir Liam Gallagher comme on va voir Iggy Pop. Dans ces conditions se faire 1h30 de pépites pop au minimum syndical avec un groupe loin d’être froid (mais narquois juste ce qu’il faut envers une caste de fan boys et de fan pantoufle qui le mérite bien) dans un Dôme électrique ça a de quoi réjouir. Et qu’on ne vienne pas me parler des 38€ quand la majeure partie de ce même public se précipitera pour claquer bien plus dans des concerts autrement plus merdiques ayant lieu dans les mêmes salles mainstream de Marseille et d’ailleurs.

Il faut savoir apprécier les choses comme elles sont et un concert d’Oasis est ce qu’il est. On le sait. On ne les changera pas et si on n’est pas content on ne claque pas 38 € (ou plus pour les feignants). C’était une bonne petite soirée et je suis bien content d’avoir dégusté ce medley de morceaux cultes vandalisés en compagnie du duo de bad boys le plus célèbre d’Angleterre.

« I’m gonna start a revolution from my bed » resume tout.

Zhou


Photos :
Pirlouiiiit


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