Agrandir

Mardi 12 Juin 2007 - 21h30 - Poste à Galène - Marseille

nTwin - No Means No

 

Jusqu'à ce soir, je pensais que seul Idir était capable de m'arracher des larmes en concert mais après No Means No au Poste à Galène, je peux saisir une autre entrée dans mes Mémoires de 60 ans de concerts par un vieux con qui paraîtront en 2051 tant le concert de ce soir fut extraordinaire.

Un mot d'abord pour nTwin qui a assuré la première partie de la plus honorable des façons. Pour cause d'apéro pré-concert, je n'ai entendu que quatre titres, mais la tension palpable de leur musique a éclaté de façon plus énergique cette fois-ci, moins oppressant qu'à l'accoutumée, une certaine veine chokeborienne. Intéressant de les voir aussi jouer avec cet état d'esprit. Vous commencez à savoir qu'on apprécie les groupes du label Katakak que ce soit nTwin mais aussi Cabwaylingo et Polyéthylène.

Les No Means No débarque et installe une bonne partie de leur matos eux-mêmes. Après avoir pris ma claque six ans auparavant à la MJC Mirabeau, je suis moins surpris de les voir. Parce que la cinquantaine bien entamées, voir le batteur torse poil en bermuda ridicule et son bassiste de frère rigolard débarquer fringués comme s'ils sortaient d'un congrès de nerds ça fait bizarre.

Et là la magie commence. Ouaip, pendant l'accordage des instruments et les dernières balances... Vous en connaissez beaucoup des groupe comme ça qui arrive à vous foutre la pêche avant de commencer à jouer ? Ça rigole, ça balance des vannes et, mine de rien, ça envoie des p'tits morceaux de batterie, un ch'tit truc à la basse qui t'interpelle le côté reptilien du cerveau. Le set n'a pas débuté que l'excitation est à son comble.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, No Means No c'est 27 ans au service d'un punk sans concession. Une intégrité qui rappelle celle de The Ex. Avec le même côté irrevencieux envers tout dogme, surtout musical, qui veut enfermer le punk dans des carcans. No means no c'est punk, limite hardcore, parfois free jazz et surtout barré.Mais sans jamais oublier le côté mélodique qui te met en transe. Et c'est avant tout une putain envie de jouer !

Ce soir les No Means No ont encore répondu par l'affirmative à la question que se posait Pierre Andrieu en 2004 : "Peut-on jouer une musique rebelle et violente après avoir atteint un âge respectable, sans être ridicule ? No Means No et ses trois membres - John Wright (incroyable batteur, hurleur, aimant raconter des histoires absurdes), Rob Wright (bassiste surdoué, drôle et vociférant) et Tom Holliston (guitariste rigolo à lunettes) - ont prouvé que c’était possible lors d’un concert survolté et sans temps morts de près de deux heures…".

Alors c'est quoi un concert de No Means No ? Ça commence par des poses théâtrales du bassiste, qui taquine son public. La complicité évidente s'est déjà installée entre le groupe et le public. On est pour deux heures orgasmiques, on le sait bordel, vous allez commencer ! Et putain ça part...

Difficile de décrire ensuite ce qui a été vécu. Espérons qu'une bonne âme présente ce soir-là viendra témoigner. Parce que ce dont je suis sûr c'est que dès qu'on se regardait dans le public, le sourire était là, celui de vivre un moment extraordinaire, mais aussi les yeux brillants (voire humides pour votre serviteur) mais putain qu'est ce que c'est ces types ? Ces ovnis qui peuvent balancer une musique viscérale, celle qui te saisit aux tripes et qui te lâche plus, en y distillant une touche de folie extra-terrestre qui finit d'éliminer toute tentative de rationaliser le pied que tu prends, tout en ayant une pêche d'enfer qui te fait mettre en transe punkoïde et te fais ressortir de là lessivé. On aura même vu un Big Smelly Toe lâcher ses béquilles pour pogotter ce qu'il faut...

Riffs hargneux, lignes de basse hallucinantes (mais où va-t-il chercher tout ça ?), batteur hypnotique, capable de tout et surtout de te surprendre. Au rendez-vous punk rageur, cassures rythmiques improbables. Comme tous les groupes de "vieux" avec son public de vieux cons, on attend tous les morceaux mythiques, Big dick, Now, .. mais on sera quand même scotché par des morceaux du dernier album dont un In her eyes implacable. Et toujours ce putain de plaisir pris à jouer.

Allez zou, va falloir conclure. Soyons clair, ce soir fut un des plus extraordinaire concert auquel j'ai pu assisté (et dans le tas il y avait déjà No Means No en 2001). Un groupe unique, d'une intégrité sans faille et qui délivre une musique viscérale. Une osmose parfaite entre le groupe et son public. Un moment magique.

Encore merci et chapeau bas messieurs !

Live report paru initialement sur Live in Marseille.

Mystic Punk Pinguin


>> Retour au sommaire <<