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Dimanche 20 Février 2011 - 21h - La Machine à Coudre - Marseille

Johnny Division - Jack of Heart

 

Dur-dur de bouger un dimanche soir, lorsqu’il fait froid dehors, que la semaine a été morne, qu’on est pas loin de choper la crève, et surtout que c’est dimanche soir... Alors on se fait violence, et on sort le bout de son museau : ça caille, pas une ame qui vive, la Plaine déserte, pas même un rat qui surgit entre deux caniveaux... Pourtant ce dimanche soir deux groupes sont programmés à la Machine par les Infréquentables, nouvelle assoce marseillaise : les locaux de Johnny Division et les catalans de Jack Of Heart.

La Machine à Coudre ce soir est bien remplie : des jeunes et des plus vieux. Il n’est pas pas encore dix heures quand Les Johnny montent sur scène, leur t-shirt blancs maculés de taches rougeâtres douteuses. Pour ceux qui ne les connaissent pas, les Johnny Division sont des apprentis bouchers qui ont raté leur CAP parce qu’ils persistent à découper la bidoche à coup de tronçonneuses. Ils sont restés bloqués sur Tobe Hooper et ça se ressent vraiment sur leur musique. Le trio -un guitariste-chanteur, un bassiste-choriste, une batteuse-chanteuse, a démarré son concert en fanfare avec l’insouciance de leur jeunesse: du rock’ n roll joué sans complexe, avec des voix très présentes et un gros son de basse bien péchu.

Les Johnny ont joué toutes leur compos dont les excellents “Oh oh oh !”, “Ten Minutes” et “Do you love ?”. Bonne réception par le public présent. C’est le bassiste qui ressemble étrangement à l’acteur Bruce Campbell qui assure l’ambiance pendant et entre les morceaux par un jeu de scène assez rigolo. Par contre les gars, on sait bien que vous êtes mars-say-yeah, alors pourquoi parler en rosbif devant un public de froggies ? Vous étiez si nul que ça en français à l’école ??

Jacks of Heart était la tête d’affiche de la soirée, pour la petite histoire ils ont signé sur le label branché parisien Born Bad Records, ce qui n’était pas forcément de bon augure. Alors que la majeure partie du public est encore accoudée au bar à se rincer le gosier, des accords de guitare se font entendre: les Jacks rejoignent un par un leur guitariste sur la petite scène de la Machine. Stupeur ! Ils sont attifés comme les New York Dolls, sauf qu’à la différence des Dolls ce n’est pas avec les fringues de leur copines, mais avec celles de leur grand-mère ! On se dit, bon, avec un tel accoutrement, soit ça passe soit ça casse. Les débuts sont un peu laborieux, le moteur est froid, mais bientôt les Jack font parler la poudre, alternant ballades psychées déjantés, trash rock explosif et déluge de décibels.

Le chanteur-guitariste, un grand escogriffe moustachu, est l’âme diabolique de ce groupe: avec sa tronche à la Philippe Léotard (imaginez un mec qu’on vient de réveiller alors qu’il venait juste de parvenir à s’endormir après 3 nuits blanches consécutives !) il semble déjà avoir décollé sur sa planète rock, borderline. A ses côtés, au centre de la scène, le bassiste, la tête plantée dans les épaules, le dos vouté, très rentre-dedans, prêt au combat pour soutenir le rythme. Derrière lui, le batteur en alerte, tête haute martelant ses fûts comme un métronome. A droite, enfin, le second guitariste, semblable au bassiste: même taille, même attitude. Les titres s’enchaînent sans temps mort, le chant est inaudible, mais on s’en fout, le son écrase tout, la mélodie est là, massacrante comme l’humeur du chanteur-guitariste...ya des faux-contact (bordel!), l’entrée jack déconne, il change trois fois de guitare (nom de dieu!), qu’importe, le rock’n roll se joue dans la sueur, l’urgence et la furie. Le bassiste et le guitariste serrent les rangs, viennent soutenir le chanteur.

Rarement concert aura été aussi intense. Les Jack of Heart entame une dernière composition: une reprise de Lou Reed, “Sweet Sixteen” : tout simplement dantesque !

Et le concert s’acheva sur l’agonie de la guitare du chanteur: un riff lancinant, saccadé, hypnotique.

Griffu


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