Zhou étant une tafiole et Gas un enculé de patron, c'est donc seul représentant de Massilia's Burning que je rejoins la charmante bourgade d'Ypres (Ieper en Wallon), pour ma seconde édition du Ieper Fest, l'un des rares festivals de Hardcore à continuer sur une lignée réellement underground. En effet si l'on y trouve en têtes d'affiche Terror ou Aborted cette année, Parkway Drive et H2O l'an dernier, force est de constater néanmoins que le reste de la clique est davantage constitué de groupes avec un succès d'estime certain, mais des ventes totalement en décalage avec les mastodontes du genre... Bref, on bouge à cinq dans la Vandmobile II, direction 1000 km tout droit en haut, et on arrive démontés mais entiers vers les 9h du mat' vendredi matin, le dernier tronçon de 5 km avec les musiques de Disney à fond, ayant commis l'erreur de laisser le CD d'Emma dans la bagnole, James et Philippe m'ont fait payer cash cette approximation...
Planter de tentes, récupération de bracelets, tour de reconnaissance et roulez jeunesse, en avant la musique !
Vendredi, très grosse journée ! Je démarre avec du Tough Guy from San Francisco : Alcatraz, que je connaissais vaguement, balancent un set bien accrocheur et dénué de toute finesse, mais les festivaliers sont encore un peu froids, du coup même si le chanteur balance du lourd, on ne parvient pas franchement à entrer dans le trip... Idem pour Rhinoceros, ça cogne dur, mais les gens ne semblent pas décidés à s'activer. Avec la guerre en bas, ça doit avoiner, mais avec un public amorphe, ben ça me pousse à aller roupiller dans la tente, erreur de débutant puisque cette sieste me fera manquer le set des Die Young...
Par contre pas moyen de rater Outrage, dont le maxi 3 titres a essoré mes oreilles des mois durant ! Bon au final à blanc, puisqu'ils n'ont joué que des titres de leur premier album Savior ! Du Modern technique, rageur, qui à mon sens manque d'originalité par rapport au 3 titres certes, mais qui vous insuffle une bonne décharge d'adrénaline comme il se doit, avec le rouquin maigrichon binoclard qui se déchire au micro ! Public toujours anémié, je commence à craindre pour la suite des évènements...
Je matte ensuite Wait in Vain, mais je dois m'avouer pas mal déçu au final, leur Modern reste un peu plat, les mélodies sonnent moins sur scène que sur CD, y'a bien quelques personnes qui se réunissent en bas de la scène pour les choeurs les plus connus, mais je reste sur ma faim. Je retourne compenser ma nuit blanche sous la tente, délaissant le très bon groupe x Kingdom x et sa SUBLIME chanteuse (rhaaaaaa lovely...), afin de reprendre quelques forces avant mes chouchous !
19h, ça y est, pour moi comme pour bon nombre d'amateurs de Old School, le festival démarre VRAIMENT, les Down to Nothing montent sur scène ! Et au premier accord d'Along for the Ride, dynamitage du Pit, on est une bonne cinquantaine à s'enchevêtrer pour parvenir jusqu'au micro où éructer les paroles ! Le reste sera du même niveau, passage en revue de tous les albums (Save it for the Birds, Splitting Headache, The Most...), avec les pépites et diamants que sont les I'm so Lucky, Down on You, Skate Annoy et ses huit secondes, etc... On hurle, les slams et plongeons se comptent par dizaines, les passages 2-step ne cessent d'agrandir le pit, ces gars-là font leur truc le plus simplement du monde, mais pour trouver plus entraînant, faudra chercher de longues heures !
Le public est en partie rincé mais déjà on cavale dans le chapiteau pour les locaux de True Colors, qui font actuellement l'unanimité chez l'amateur de Hardcore-Punk ! Et à juste titre ! Chanteur survolté, morceaux dans la lignée de The First Step, ça sonne et groove à balle, avec un groupe soutenu à fond par son public ! Je connaissais que de nom, voilà un groupe dont je vais m'empresser de découvrir la discographie !
Le premier groupe "bourrin" à avoir mis une rouste au Ieper, ça a été First Blood. Et pas qu'un peu ! Des mosh dévastateurs, un chanteur charismatique, public à fond, deux pits qui finissent par se confondre en un no man's land, leur son vous pousse irrésistiblement vers le milieu, où vous vous mettez direct à envoyer les pieds et les poings sans réfléchir, bestial ! Si globalement le Brutal Hardcore me gave au bout de... tout de suite, ici le groove délivré par les costauds de la West Coast me fait péter une pile, et prendre assez de coups pour pouvoir me plaindre les six prochains mois...
Je profite du set de Misery Signal pour ravitailler (à ce propos, ne vendre QUE de la bouffe Vegan, c'est bien, ça fait passer un message, que dans l'absolu je cautionne tout à fait, après tout on est dans un festival alterno. Mais fais quelque chose de bon, putain que ça soit les sandwichs ou les plats, c'était DEGUEULASSE ! Et à 3€ le sandwich et 5€ le plat, le croque monsieur SNCF que j'me suis tapé dans le train au retour, il m'a mis les larmes aux yeux !), parce que la série "rouleau-compresseur" se poursuit direct après !
On retiendra deux choses de Bane : premièrement, le chanteur, Aaron, est probablement l'homme le plus vilain du monde... On dirait Ron Pearlman qui a choppé la dysenterie. La deuxième chose, c'est que ce groupe, c'est DE LA BOMBE ! Avec le flot si particulier, la voix totalement pourrave et tellement prenante du chanteur, les riffs hargneux des guitares, la frappe de tordu du batteur, la foule se réveille définitivement (davantage que pour Down to Nothing d'ailleurs) et c'est une guerre civile qui éclate ! Faut dire qu'attaquer par Some Came Running c'était le meilleur moyen de tout démonter (pas vrai Norman ?) ! Les Therapy, Pot Commited et autres Ali Vs Frazier seront tout autant de bombes lâchées sur la gueule des festivaliers, au milieu desquels je démonte (et me fais démonter) la gueule pour gagner le droit de me défouler au micro ! Le groupe se déchire sur scène, et la fin du set laisse tout le monde sur le carreau !
Personnellement, je zappe le set d'Architects et celui de Terror (si ça c'est pas du lèse-majesté, mais bon, Terror je les ai vus six fois, je SAIS que ça tabasse !) pour aller m'écrouler dans ma tente, d'où je ne ressortirai que 10h plus tard, cassé en deux...
D'ailleurs des fois faut savoir rester couché. Après la douche on décide d'aller ravitailler en ville, sauf que là, au moment de tourner la clé de la bagnole, zéro, nada, LA panne qui va bien. Faisceau électrique out, c'est une dépanneuse venue de Lille qui embarquera la Vandmobile sur un plateau. Du coup j'ai rien vu de la matinée, juste allé me déchainer sur The Effort, qui ont envoyé la sauce avec une bonne petite ambiance en bas, une set list différente d'il y a dix jours à Marseille, et un guitariste changé, mais nettement plus en place que l'autre si l'on en croit Philippe ! Dernière date de leur marathon européen, les traits sont tirés, mais les kids du Massachusetts sont désormais tout c'qu'il y a de meilleur dans le registre Old School mélo !
Je ne vois malheureusement pas Soul Control, et me retrouve super déçu par le set d'ON, groupe qui comporte rien de moins qu'un des gratteux de Go It Alone et le chanteur de x Champion x... C'était pas franchement mal fait, mais ça tournait pas terrible sur scène, et j'me suis plutôt ennuyé au final.
Tout l'inverse de Hoods, où là non seulement ça a été une guerre sans nom, du même niveau que First Blood, mais où en plus je me régale des discours putain de pas conventionnels du chanteur : "Do you like Michael Jackson ? Yes ??? You're a childfucker. And now, for Michael, the next song : THE KING IS FUCKING DEAD !!" Au milieu de tous les discours qui enfoncent des portes ouvertes du type "Say no to Racism, homophobia, capitalism...", il est bon de tomber sur un groupe qui te balance "Do you like FC Bruge ? Hell yeah ! Anderlecht ? SUCE MA BITE ! FC Bruge, West Ham, Olympique de Marseille !", et qui a sur son stand de Merch un papier avec marqué en énorme "HOODS NEEDS WEED !!"... Qu'on ne déforme pas mes propos : bien entendu que j'abonde dans le sens des discours des groupes Straight-Edge, mais dans un festival où la moitié de la population fait partie du mouvement, et l'autre moitié est au fait de ce mode de pensée, je trouve ça un peu superflu. (Alors que dans une salle remplie de Redskins à Marseille, discuter de tout ça avec The Effort -pour ne citer qu'eux- est à mon sens infiniment plus productif !). Bref, on l'aura compris, Hoods, en plus de cracher sur Michael Jackson, Metallica, Anderlecht et les conventions, c'est une arme de guerre parfaitement huilée !
Je rate Trash Talk, me fais chier comme un rat mort sur Knuckledust qui, une fois n'est pas coutume, jouent complètement à l'envers, et vais me pieuter avant Rise and Fall, ce qui me vaudra de rater, comme je l'apprends au réveil le lendemain, une performance encore une fois unique de James, qui a paraît-il enflammé le chapiteau transformé en Dancefloor après les concerts, sur des tubes légendaires comme Scatman, Dr Alban, House of Pain. Le bougre a organisé un cercle autour de lui, et a tour à tour smurfé, breaké, fait du limbo, accompagné du seul noir du festival, apparemment lui aussi bouillant. En voyant sa tronche, celles de Philippe et de Mat' le lendemain au réveil, je comprends que j'ai manqué l'immanquable...
Le dimanche était la journée dont j'attendais le moins, en plus Ritual sont annulés la veille, du coup on glandouille peinards en baladant, blaguant assis devant les tentes, en sympathisant avec des lorientais, puis on se bouge peu de temps avant Set Your Goals, réalisant par là même qu'on a raté Nueva Etica ! Pas grave, on les revoit fin septembre à Marseille héhéhé ! Set your Goals, c'était à chier. Voix à la fraise même pas carrées, le deuxième chanteur totalement inutile, amorphe, son nul, musiciens qui jouent même pas ensemble... Je tiens dix minutes et me casse boire un coup, vraiment déçu.
Au moins derrière je me régale de la légende Reagan Youth, qui démarrent cash par Degenerated (morceau monumental repris avec brio par The Aggravation environ 25 ans plus tard), je vais danser et savourer l'histoire du Punk le temps d'un set, avec ces quadras-quinquas au set certes moins explosif que d'autres, mais avec un tel plaisir et une telle envie qu'ils filent le sourire à tous ceux qui se sont laissés tenter par l'expérience ! Derrière il y aura The Setup avec un Brutal Hardcore qui séduira davantage James que moi, puis Chuck Ragan, avec son Punk Celtique Folk (combo traditionnel : sèche, violon, contrebasse, harmonica, batterie avec soufflets...) dans la lignée des légendaires Pogues...
Je ne vois ni Bringin'It Down (groupe de reprises de Youth of Today et Judge, avec des membres dedans de... Youth of Today et Judge.) ni Aborted, observe Disembodied du coin de l'oeil tandis que le chanteur de Hoods s'essaye (avec moyennement de réussite) au Soccer derrière moi, puis on se rend dans le chapiteau, voir A Wilhelm Scream qui nous avaient tant scotchés au même endroit, un an plus tôt ! Pas de problèmes, l'équipe de Boston répond présente, et va faire danser tout le monde, avec son Fast Punk Rock, agrémenté de soli déchainés, d'un bassiste intenable... De toute façon c'est bien simple, ils sont TOUS monstrueux ! Ils s'éclatent comme si c'état leur premier concert, rigolent, sautent dans tous les sens, les gratteux mettent minables 9/10° des joueurs de Heavy de la planète, résultat le set passe à la vitesse du son, et on se retrouve comme l'an dernier à devoir reconnaître que l'une des plus grosses perf' de ce festival Hardcore vient d'un groupe qu'on rangera plutôt dans la grande famille du Punk Rock !
Pour clore les débats ce sont les vétérans de Bold qui montent sur la grande scène, et envoient un set sympa mais tout à fait conventionnel de Hardcore 80's, set pendant lequel je vais faire la queue pour m'envoyer quelques frites (pas terribles)...
Après une nuit pleine de surprises, un lever Rock'n'Roll et un pliage de tentes en deux secondes, on attend le taxi envoyé par l'assurance, et c'est une fois à l'intérieur, après une petite dizaine de kilomètres, que notre brave Alex 13 Fight va nous gratifier d'un moment d'anthologie, puisqu'à peine le taxi stoppé en urgence sur un arrêt de bus, la porte s'ouvre pour laisser place à une gerbe de Vodka/lait chocolaté/sucs gastriques, qui provoquera la stupeur du chauffeur, la honte pour moi, et un fou rire limite crise de nerfs pour James et Philippe... Merci Alex, merci pour tout. Retour en billets première classe dans le TGV Lille / Marseille, et probablement un autre trajet pour moi d'ici quelques jours, lorsqu'il faudra retourner chercher la Vandmobile !
Alors au final on retiendra que cette édition du Ieper était moins folle que l'an dernier, la faute à l'absence de monstres tels que Parkway Drive d'un côté, Have Heart, Verse et Betrayed de l'autre, que les néerlandais sont de gros crasseux qui balancent leurs ordures n'importe où, et qu'une voiture qui fonctionne est un atout non négligeable pour celui qui veut rentrer de nuit, direct après le dernier groupe...
Vand
Photos © Cutting Edge, Kiki, ...
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