Jeudi 23 Juin 2011 - 21h - Cabaret Aléatoire - Marseille

Architects - Bring Me The Horizon

 

Allez, je reconnais que j'ai vraiment un hyper mauvais a priori en rentrant dans l'enceinte du Cabaret Aléatoire ce soir. Rendez-vous compte, Bring Me The Horizon, l'antithèse de tout c'que je défends, viennent me saper le moral chez moi, à Marseille...

Évidemment je vous passe tous ces braves gens lookés, recouverts de tattoos et avec des écarteurs 17", qu'on ne voit qu'aux concerts de merde. A la louche, je dirais 350 entrées.

Le temps de blaguer cinq minutes, d'apprendre estomaqué qu'il y a failli avoir Deez Nuts, mais qu'ils semblent s'être clashés sévère avec les deux groupes de baltringues de ce soir (PUTAIN DE MERDE)... Et je vais voir Architects.

Pfffffffff... L'ambiance est exactement celle que j'imaginais : pas de pit, les gens sautent (!!), on se croirait à un concert de Watcha ! Le groupe est insupportable, le chanteur est plus mielleux qu'un groupe de pop-core... Un set représentant les plus grandes heures du Neo-Metal.

Parce que soyons clairs : les accords Hardcore, Deathcore, Brutal... Tout c'que tu veux sont là pour quoi ? Pour te mettre la rage, pour te retourner les tripes, pour te déchaîner. Donc si le public en vient à sauter en chœur, clairement, on tape pas dans ce registre. On est bien sur du commercial.

Et j'ajouterais volontiers que les cris hystériques de filles à la fin des morceaux collent parfaitement à la description.

Je rate le meilleur, retransmis avec délectation par Philippe : sur invitation du groupe, les filles montent sur les épaules des mecs, et balancent leurs bras... Hardcore.
Ouf, ça s'termine.

Le temps de discuter avec des potes pas franchement pardonnables non plus, puisque je ne les vois que rarement dans les vrais concerts, et nous voici partis, à 22h tapantes, pour la plus vaste plaisanterie que j'ai eu le plaisir d'apprécier...

« Bring Me The Horizon »… Vaste programme. Pourquoi est-ce que je déteste tant ce genre de groupe ?

La réponse est simple : ce ne sont pas des artistes. Ce ne sont pas des passionnés. Ce sont des clichés ambulants, montés de toutes pièces par des producteurs eux-mêmes aux antipodes de la promotion artistique. De purs produits capitalistes, et j’abhorre le capitalisme.

Je serais bien prétentieux à oser affirmer quelle image véhiculent le Hardcore et ses dérives, mais là où le doute n'est plus permis, c'est que cette musique représente l'authenticité. On joue avec les tripes, on renie le superflu, etc. Quand tu vois tous les groupes légendaires comme Minor Threat, Black Flag et Circle Jerks à l’époque, The First Step, Champion ou même Have Heart « maintenant », pas un n’a travaillé sa coupe de cheveux, ni recouvert ses bras de tattoos dont ils ne comprenaient pas même le sens avant d'avoir approfondi. Le but, c’est de partager un sentiment, car l’Art, C’EST faire passer ses émotions, qu’importe que ce soit en peignant ou en envoyant un riff’ crépusculaire.

Le malaise, l’espoir, les convictions, la lutte, ces thèmes sont récurrents dans les groupes qui ont apporté quelque chose, marqué le genre.

Alors quand un groupe fait une page Myspace / facebook en flash, sort des t-shirts ET SEULEMENT après se met à composer ; arrive sur scène après s’être fait un brushing, en suivant la tendance (l’actuelle est d’alterner voix death, mosh, puis chant clair) en se contentant de jouer des accords déjà entendus mille fois, exécutés par des groupes infiniment plus talentueux, ben ouais, y’a foutage de gueule.

Je n’en veux pas spécialement aux kids de 16 balais, je me souviens qu’à leur âge je fantasmais à l’idée de voir KoRn, ou même Limp Bizkit, parce que je ne savais pas qu’il y avait autre chose à écouter. Bon, j’avais pas Internet à cet âge-là, j’étais davantage excusable.

J’en veux aux « amateurs » plus âgés, tous ceux que j’ai vus ce soir, qui se disent « Hardcore », alors que moi-même n’aurai jamais la prétention de le clamer. Parce que moi, je suis à tous les concerts. Je milite, je défends et soutiens un idéal, que ce genre de groupe piétine inlassablement… Remarque c’est ça le Hardcore, c’est accepter de toujours perdre au premier degré.

Finalement les gonzes que je vois dire qu’ils sont alternos et payer pour voir BMTH, me font la même impression que toutes ces tafioles que je vois cracher sur l’impérialisme américain, Nike aux pieds, iPhone dans la poche… Pathétique.

Heureusement BMTH c’est en fin de vie, dans un an plus personne écoute, mais déjà la relève est là avec « A Day to Remember »…

Je ne me fais pas d’illusions, toutes les gamines de 20 berges et moins qui se prennent des photos de ¾ sur facebook, qui se prétentent Straight-Edge (HAHAHA) et postent des clips d’Earth Crisis, seront plus là dans 2 ans, en ricanant un peu stupidement « ouais j’ai eu ma période rebelle, mais maintenant je suis plus branchée Pin-Up ». Elles n’évolueront jamais, et au fond, tant pis pour elles, et pour les mecs qui leur courent derrière, car ils seront passés à côté de l’essentiel de cette musique…

Au final je me languis juste d’une chose, que tout ça redevienne démodé : après tout les coreux en carton d’aujourd’hui sont les gothiques en mousse d’hier, et quelque chose me laisse à penser que la prochaine étape des suiveurs sera l’électro…

…Bon suite à cette digression qui restera dans les annales comme la plus longue de Massilia’s Burning, revenons-en au groupe :

Je veux bien rester impartial, mais quand le premier accord que t'entends est une copie de l'intro de Here to Stay de KoRn (donc, même pas leur bonne période); quand je vois le batteur taper avec tant de retenue que j'ai un moment imaginé que c'était lui qui payait sa batterie; avouez que ça débute mal.

La suite sera également un calvaire pour mon objectivité : en vrac, faire s'asseoir les gens, pour les faire sautiller ensuite; faire des passages -electro-plus-mainstream-t'es-en-boîte-; des passages musique d'ambiance Jean-Michel Jarre / Éric Serra style; des passages bras en l'air, lumière bleue tamisée, session slows... Et bien sûr le mini-wall of death et les gentils « fuck » histoire de rappeler qu'on est des gros durs... RAH. Tout parfait.
Je me dois de mentionner la voix death pi-to-ya-ble du chanteur, putain il a déjà vu un live de Cannibal, Nile, Deicide ?

Les passages mosh -infimes- sont corrects, m'enfin c'est pas avec 2 accords/mn, copiés sur des dizaines d'autres groupes, qu'on balaie le reste d'un set si risible.

Grand moment de solitude donc, qui s'achève après... 45mn. Sans rappel. 25€ la place. Quand tu sais qu'à Toulouse on avait eu Have Heart, Carpathian et Cruel Hand, avec 2 groupes locaux en ouverture, pour 10€, ça calme. Le set le plus court avait été de 30mn, le plus long d'1h.

Clou du spectacle, le groupe se retire avec comme musique d'accompagnement Hotel California, des Eagles. Si si j'vous promets, fallait y être, et dans l'idéal, fallait avoir comme moi une accred', parce que payer pour ça, beaucoup vont avoir des difficultés pour s'asseoir aujourd'hui.

Enfin bref, toi jeune qui lis cette critique, si un jour il te prend l'envie de voir de vrais groupes, qui jouent à 1m devant toi, sans barrières, ça démarre le 9 juillet avec Reconcile, puis le 11 avec Punch, et le 17 avec 50 Lions. Tout ça au O'Bundies, rue d'Italie. T'y es le bienvenu, donc te fais pas prier et rapplique, tu vas voir, ça va te plaire.

Vand


>> Retour au sommaire <<